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Auteur | Message |
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Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Membre de la Black Hole Army Points: 201.859 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:15 | |
| ben oui !
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En somme, ce n' était qu' un pauvre homme sachant lire et écrire. Il est probable qu' il était sur la limite qui sépare le songeur du penseur. Le penseur veut, le songeur subit. La solitude s' ajoute aux simples, et les complique d' une certaine façon. Ils se pénètrent à leur insu d' horreur sacrée. L' ombre où était l' esprit de Gilliatt se composait, en quantité presque égale, de deux éléments, obscurs tous deux, mais bien différents : en lui, l' ignorance, infirmité ; hors de lui, le mystère, immensité. à force de grimper dans les rochers, d' escalader les escarpements, d' aller et de venir dans l' archipel par tous les temps, de manoeuvrer la première embarcation venue, de se risquer jour et nuit dans les passes les plus difficiles, il était devenu, sans en tirer parti du reste, et pour sa fantaisie et son plaisir, un homme de mer surprenant. Il était pilote né. Le vrai pilote est le marin qui navigue sur le fond plus encore que sur la surface. La vague est un problème extérieur, continuellement compliqué par la configuration sous-marine des lieux où le navire fait route. Il semblait, à voir Gilliatt voguer sur les bas-fonds et à travers les récifs de l' archipel normand, qu' il eût sous la voûte du crâne une carte du fond de la mer. Il savait tout et bravait tout. Il connaissait les balises mieux que les cormorans qui s' y perchent. Les différences imperceptibles qui distinguent l' une de l' autre les quatre balises poteaux du creux, d' alligande, des trémies et de la Sardrette étaient parfaitement nettes et claires pour lui, même dans le brouillard. Il n' hésitait ni sur le pieu à pomme ovale d' anfré, ni sur le triple fer de lance de la rousse, ni sur la boule blanche de la corbette, ni sur la boule noire de longue-pierre, et il n' était pas à craindre qu' il confondît la croix de goubeau avec l' épée plantée en terre de la platte, ni la balise marteau des barbées avec la balise queue d' aronde du moulinet. Sa rare science de matelot éclata singulièrement un jour qu' il y eut à Guernesey une de ces sortes de joutes marines qu' on nomme régates. La question était celle-ci : être seul dans une embarcation à quatre voiles, la conduire de saint-Sampson à l' île de Herm qui est à une lieue, et la ramener de Herm à saint-Sampson. Manoeuvrer seul un bateau à quatre voiles, il n' est pas de pêcheur qui ne fasse cela, et la difficulté ne semble pas grande, mais voici ce qui l' aggravait : premièrement, l' embarcation elle-même, laquelle était une de ces larges et fortes chaloupes ventrues d' autrefois, à la mode de Rotterdam, que les marins du siècle dernier appelaient des panses hollandaises . On rencontre encore quelquefois en mer cet ancien gabarit de Hollande, joufflu et plat, et ayant à bâbord et à tribord deux ailes qui s' abattent, tantôt l' une, tantôt l' autre, selon le vent, et remplacent la quille. Deuxièmement, le retour de Herm ; retour qui se compliquait
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d' un lourd lest de pierres. On allait à vide, mais on revenait chargé. Le prix de la joute était la chaloupe. Elle était d' avance donnée au vainqueur. Cette panse avait servi de bateau-pilote ; le pilote qui l' avait montée et conduite pendant vingt ans était le plus robuste des marins de la Manche ; à sa mort on n' avait trouvé personne pour gouverner la panse, et l' on s' était décidé à en faire le prix d' une régate. La panse, quoique non pontée, avait des qualités, et pouvait tenter un manoeuvrier. Elle était mâtée en avant, ce qui augmentait la puissance de traction de la voilure. Autre avantage, le mât ne gênait point le chargement. C' était une coque solide ; pesante, mais vaste, et tenant bien le large ; une vraie barque commère. Il y eut empressement à se la disputer ; la joute était rude, mais le prix était beau. Sept ou huit pêcheurs, les plus vigoureux de l' île, se présentèrent. Ils essayèrent tour à tour ; pas un ne put aller jusqu' à Herm. Le dernier qui lutta était connu pour avoir franchi à la rame par un gros temps le redoutable étranglement de mer qui est entre Serk et Brecq-Hou. Ruisselant de sueur, il ramena la panse et dit : c' est impossible. Alors Gilliatt entra dans la barque, empoigna d' abord l' aviron, ensuite la grande écoute, et poussa au large. Puis, sans bitter l' écoute, ce qui eût été une imprudence, et sans la lâcher, ce qui le maintenait maître de la grande voile, laissant l' écoute rouler sur l' estrop au gré du vent, sans dériver, il saisit de la main gauche la barre. En trois quarts d' heure, il fut à Herm. Trois heures après, quoiqu' un fort vent du sud se fût élevé et eût pris la rade en travers, la panse, montée par Gilliatt, rentrait à saint-Sampson avec le chargement de pierres. Il avait, par luxe et bravade, ajouté au chargement le petit canon de bronze de Herm, que les gens de l' île tiraient tous les ans le 5 novembre en réjouissance de la mort de Guy Fawkes. Guy Fawkes, disons-le en passant, est mort il y a deux cent soixante ans ; c' est là une longue joie. Gilliatt, ainsi surchargé et surmené, quoiqu' il eût de trop le canon de Guy Fawkes dans sa barque et le vent du sud dans sa voile, ramena, on pourrait presque dire rapporta, la panse à saint-Sampson. Ce que voyant, mess Lethierry s' écria : voilà un matelot hardi ! Et il tendit la main à Gilliatt. Nous reparlerons de mess Lethierry. La panse fut adjugée à Gilliatt. Cette aventure ne nuisit pas à son surnom de malin. Quelques personnes déclarèrent que la chose n' avait rien d' étonnant, attendu que Gilliatt avait caché dans le bateau une branche de mélier sauvage. Mais cela ne put être prouvé. à partir de ce jour, Gilliatt n' eut plus d' autre embarcation que la panse.
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C' est dans cette lourde barque qu' il allait à la pêche. Il l' amarrait dans le très bon petit mouillage qu' il avait pour lui tout seul sous le mur même de sa maison du bû de la rue. à la tombée de la nuit, il jetait ses filets sur son dos, traversait son jardin, enjambait le parapet de pierres sèches, dégringolait d' une roche à l' autre, et sautait dans la panse. De là au large. Il pêchait beaucoup de poisson, mais on affirmait que la branche de mélier était toujours attachée à son bateau. Le mélier, c' est le néflier. Personne n' avait vu cette branche, mais tout le monde y croyait. Le poisson qu' il avait de trop, il ne le vendait pas, il le donnait. Les pauvres recevaient son poisson, mais lui en voulaient pourtant, à cause de cette branche de mélier. Cela ne se fait pas. On ne doit point tricher la mer. Il était pêcheur, mais il n' était pas que cela. Il avait, d' instinct et pour se distraire, appris trois ou quatre métiers. Il était menuisier, ferron, charron, calfat, et même un peu mécanicien. Personne ne raccommodait une roue comme lui. Il fabriquait dans un genre à lui tous ses engins de pêche. Il avait dans un coin du bû de la rue une petite forge et une enclume, et, la panse n' ayant qu' une ancre, il lui en avait fait, lui-même et lui seul, une seconde. Cette ancre était excellente ; l' organeau avait la force voulue, et Gilliatt, sans que personne le lui eût enseigné, avait trouvé la dimension exacte que doit avoir le jouail pour empêcher l' ancre de cabaner. Il avait patiemment remplacé tous les clous du bordage de la panse par des gournables, ce qui rendait les trous de rouille impossibles. De cette manière il avait beaucoup augmenté les bonnes qualités de mer de la panse. Il en profitait pour s' en aller de temps en temps passer un mois ou deux dans quelque îlot solitaire comme chousey ou les casquets. On disait : tiens, Gilliatt n' est plus là. Cela ne faisait de peine à personne.
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7 à maison visionnée habitant visionnaire. Gilliatt était l' homme du songe. De là ses audaces, de là aussi ses timidités. Il avait ses idées à lui. Peut-être y avait-il en Gilliatt de l' halluciné et de l' illuminé. L' hallucination hante tout aussi bien un paysan comme Martin qu' un roi comme Henri Iv. L' inconnu fait parfois à l' esprit de l' homme des surprises. Une brusque déchirure de l' ombre laisse tout à coup voir l' invisible, puis se referme. Ces visions sont quelquefois transfiguratrices ; elles font d' un chamelier Mahomet et d' une chevrière Jeanne D' Arc. La solitude dégage une certaine quantité d' égarement sublime. C' est la fumée du buisson ardent. Il en résulte un mystérieux tremblement d' idées qui dilate le docteur en voyant et le poëte en prophète ; il en résulte Horeb, le Cédron, Ombos, les ivresses du laurier de Castalie mâché, les révélations du mois busion ; il en résulte Péleïa à Dodone, Phémonoë à Delphes, Trophonius à Lébadée, Ezéchiel sur le Kébar, Jérôme dans la Thébaïde. Le plus souvent, l' état visionnaire accable l' homme, et le stupéfie. L' abrutissement sacré existe. Le fakir a pour fardeau sa vision comme le crétin son goître. Luther parlant aux diables dans le grenier de Wittemberg, Pascal masquant l' enfer avec le paravent de son cabinet, l' obi nègre dialoguant avec le dieu Bossum à face blanche, c' est le même phénomène, diversement porté par les cerveaux qu' il traverse, selon leur force et leur dimension. Luther et Pascal sont et restent grands ; l' obi est imbécile. Gilliatt n' était ni si haut, ni si bas. C' était un pensif. Rien de plus. Il voyait la nature un peu étrangement. De ce qu' il lui était arrivé plusieurs fois de trouver dans de l' eau de mer parfaitement limpide d' assez gros animaux inattendus, de formes diverses, de l' espèce méduse, qui, hors de l' eau, ressemblaient à du cristal mou, et qui, rejetés dans l' eau, s' y confondaient avec leur milieu, par l' identité de diaphanéité et de couleur, au point d' y disparaître, il concluait que, puisque des transparences vivantes habitaient l' eau, d' autres transparences, également vivantes, pouvaient bien habiter l' air. Les oiseaux ne sont pas les habitants de l' air ; ils en sont les amphibies. Gilliatt ne croyait pas à l' air désert. Il disait : puisque la mer est remplie, pourquoi l' atmosphère serait-elle
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vide ? Des créatures couleur d' air s' effaceraient dans la lumière et échapperaient à notre regard ; qui nous prouve qu' il n' y en a pas ? L' analogie indique que l' air doit avoir ses poissons comme la mer a les siens ; ces poissons de l' air seraient diaphanes, bienfait de la prévoyance créatrice pour nous comme pour eux ; laissant passer le jour à travers leur forme et ne faisant point d' ombre et n' ayant pas de silhouette, ils resteraient ignorés de nous, et nous n' en pourrions rien saisir. Gilliatt imaginait que si l' on pouvait mettre la terre à sec d' atmosphère, et que si l' on pêchait l' air comme on pêche un étang, on y trouverait une foule d' êtres surprenants. Et, ajoutait-il dans sa rêverie, bien des choses s' expliqueraient. La rêverie, qui est la pensée à l' état de nébuleuse, confine au sommeil, et s' en préoccupe comme de sa frontière. L' air habité par des transparences vivantes, ce serait le commencement de l' inconnu ; mais au delà s' offre la vaste ouverture du possible. Là d' autres êtres, là d' autres faits. Aucun surnaturalisme, mais la continuation occulte de la nature infinie. Gilliatt, dans ce désoeuvrement laborieux qui était son existence, était un bizarre observateur. Il allait jusqu' à observer le sommeil. Le sommeil est en contact avec le possible, que nous nommons aussi l' invraisemblable. Le monde nocturne est un monde. La nuit, en tant que nuit, est un univers. L' organisme matériel humain, sur lequel pèse une colonne atmosphérique de quinze lieues de haut, est fatigué le soir, il tombe de lassitude, il se couche, il se repose ; les yeux de chair se ferment ; alors dans cette tête assoupie, moins inerte qu' on ne croit, d' autres yeux s' ouvrent ; l' inconnu apparaît. Les choses sombres du monde ignoré deviennent voisines de l' homme, soit qu' il y ait communication véritable, soit que les lointains de l' abîme aient un grossissement visionnaire ; il semble que les vivants indistincts de l' espace viennent nous regarder et qu' ils aient une curiosité de nous, les vivants terrestres ; une création fantôme monte ou descend vers nous et nous côtoie dans un crépuscule ; devant notre contemplation spectrale, une vie autre que la nôtre s' agrège et se désagrège, composée de nous-mêmes et d' autre chose ; et le dormeur, pas tout à fait voyant, pas tout à fait inconscient, entrevoit ces animalités étranges, ces végétations extraordinaires, ces lividités terribles ou souriantes, ces larves, ces masques, ces figures, ces hydres, ces confusions, ce clair de lune sans lune, ces obscures décompositions du prodige, ces croissances et ces décroissances dans une épaisseur trouble, ces flottaisons de formes dans les ténèbres, tout ce mystère que nous appelons le songe et qui n' est autre chose que l' approche d' une réalité invisible. Le rêve est l' aquarium de la nuit. Ainsi songeait Gilliatt. | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:17 | |
| Mdr t'es vraiment inutile!!! | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:23 | |
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| | | Sturm Empereur à la retraite
Nombre de messages : 2205 Age : 32 Univers : Au centre du monde! Galaxie 5!!! Date d'inscription : 29/04/2007
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:29 | |
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| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:34 | |
| "LoOoL"
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8 la chaise gild-holm-' ur. Ce serait vainement qu' on chercherait aujourd' hui, dans l' anse du houmet, la maison de Gilliatt, son jardin, et la crique où il abritait la panse. Le bû de la rue n' existe plus. La petite presqu' île qui portait cette maison est tombée sous le pic des démolisseurs de falaises et a été chargée, charretée à charretée, sur les navires des brocanteurs de rochers et des marchands de granit. Elle est devenue quai, église et palais, dans la capitale. Toute cette crête d' écueils est depuis longtemps partie pour Londres. Ces allongements de rochers dans la mer, avec leurs crevasses et leurs dentelures, sont de vraies petites chaînes de montagnes ; on a, en les voyant, l' impression qu' aurait un géant regardant les Cordillères. L' idiome local les appelle banques. Ces banques ont des figures diverses. Les unes ressemblent à une épine dorsale, chaque rocher est une vertèbre ; les autres à une arête de poisson ; les autres à un crocodile qui boit. à l' extrémité de la banque du bû de la rue, il y avait une grande roche que les pêcheurs du Houmet appelaient la corne de la bête. Cette roche, sorte de pyramide, ressemblait, quoique moins élevée, au pinacle de Jersey. à marée haute, le flot la séparait de la banque, et la corne était isolée. à marée basse, on y arrivait par un isthme de roches praticables. La curiosité de ce rocher, c' était, du côté de la mer, une sorte de chaise naturelle creusée par la vague et polie par la pluie. Cette chaise était traître. On y était insensiblement amené par la beauté de la vue ; on s' y arrêtait " pour l' amour du prospect " , comme on dit à Guernesey ; quelque chose vous retenait ; il y a un charme dans les grands horizons. Cette chaise s' offrait ; elle faisait une sorte de niche dans la façade à pic du rocher ; grimper à cette niche était facile ; la mer qui l' avait taillée dans le roc avait étagé au-dessous et commodément disposé une sorte d' escalier de pierres plates ; l' abîme a de ces prévenances, défiez-vous de ses politesses ; la chaise tentait, on y montait, on s' y asseyait ; là on était à l' aise ; pour siège le granit usé et arrondi par l' écume, pour accoudoirs deux anfractuosités qui semblaient faites exprès, pour dossier toute la haute muraille verticale du rocher qu' on admirait au-dessus de sa tête sans penser à se dire qu' il serait impossible de l' escalader ; rien de plus simple que de s' oublier dans ce fauteuil ; on découvrait
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toute la mer, on voyait au loin les navires arriver ou s' en aller, on pouvait suivre des yeux une voile jusqu' à ce qu' elle s' enfonçât au delà des casquets sous la rondeur de l' océan, on s' émerveillait, on regardait, on jouissait, on sentait la caresse de la brise et du flot ; il existe à Cayenne un vespertilio, sachant ce qu' il fait, qui vous endort dans l' ombre avec un doux et ténébreux battement d' ailes ; le vent est cette chauve-souris invisible ; quand il n' est pas ravageur, il est endormeur. On contemplait la mer, on écoutait le vent, on se sentait gagner par l' assoupissement de l' extase. Quand les yeux sont remplis d' un excès de beauté et de lumière, c' est une volupté de les fermer. Tout à coup on se réveillait. Il était trop tard. La marée avait grossi peu à peu. L' eau enveloppait le rocher. On était perdu. Redoutable blocus que celui-ci : la mer montante. La marée croît insensiblement d' abord, puis violemment. Arrivée aux rochers, la colère la prend, elle écume. Nager ne réussit pas toujours dans les brisants. D' excellents nageurs s' étaient noyés à la corne du bû de la rue. En de certains lieux, à de certaines heures, regarder la mer est un poison. C' est comme, quelquefois, regarder une femme. Les très anciens habitants de Guernesey appelaient jadis cette niche façonnée dans le roc par le flot la chaise gild-holm-' ur, ou kidormur . Mot celte, dit-on, que ceux qui savent le celte ne comprennent pas et que ceux qui savent le français comprennent. qui-dort-meurt. telle est la traduction paysanne. On est libre de choisir entre cette traduction, qui-dort-meurt, et la traduction donnée en 1819, je crois, dans l' armoricain , par M Athénas. Selon cet honorable celtisant, gild-holm-' ur signifierait halte-de-troupes-d' oiseaux . Il existe à Aurigny une autre chaise de ce genre, qu' on nomme la chaise-au-moine, si bien confectionnée par le flot, et avec une saillie de roche ajustée si à propos, qu' on pourrait dire que la mer a la complaisance de vous mettre un tabouret sous les pieds. Au plein de la mer, à la marée haute, on n' apercevait plus la chaise gild-holm-' ur. L' eau la couvrait entièrement. La chaise gild-holm-' ur était la voisine du bû de la rue. Gilliatt la connaissait et s' y asseyait. Il venait souvent là. Méditait-il ? Non. Nous venons de le dire, il songeait. Il ne se laissait pas surprendre par la marée.
P 1 L 2 MESS LETHIERRY
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1 vie agitée et conscience tranquille. Mess Lethierry, l' homme notable de saint-Sampson, était un matelot terrible. Il avait beaucoup navigué. Il avait été mousse, voilier, gabier, timonier, contre-maître, maître d' équipage, pilote, patron. Il était maintenant armateur. Il n' y avait pas un autre homme comme lui pour savoir la mer. Il était intrépide aux sauvetages. Dans les gros temps il s' en allait le long de la grève, regardant à l' horizon. Qu' est-ce que c' est que ça là-bas ? Il y a quelqu' un en peine. C' est un chasse-marée de Weymouth, c' est un coutre d' Aurigny, c' est une bisquine de Courseulle, c' est le yacht d' un lord, c' est un anglais, c' est un français, c' est un pauvre, c' est un riche, c' est le diable, n' importe, il sautait dans une barque, appelait deux ou trois vaillants hommes, s' en passait au besoin, faisait l' équipe à lui tout seul, détachait l' amarre, prenait la rame, poussait en haute mer, montait et descendait et remontait dans les creux du flot, plongeait dans l' ouragan, allait au danger. On le voyait ainsi de loin dans la rafale, debout sur l' embarcation, ruisselant de pluie, mêlé aux éclairs, avec la face d' un lion qui aurait une crinière d' écume. Il passait quelquefois ainsi toute sa journée dans le risque, dans la vague, dans la grêle, dans le vent, accostant les navires en perdition, sauvant les hommes, sauvant les chargements, cherchant dispute à la tempête. Le soir il rentrait chez lui et tricotait une paire de bas. Il mena cette vie cinquante ans, de dix ans à soixante, tant qu' il fut jeune. à soixante ans il s' aperçut qu' il ne levait plus d' un seul bras l' enclume de la forge du varclin ; cette enclume pesait trois cents livres ; et tout à coup il fut fait prisonnier par les rhumatismes. Il lui fallut renoncer à la mer. Alors il passa de l' âge héroïque à l' âge patriarcal. Ce ne fut plus qu' un bonhomme.
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Il était arrivé en même temps aux rhumatismes et à l' aisance. Ces deux produits du travail se tiennent volontiers compagnie. Au moment où l' on devient riche, on est paralysé. Cela couronne la vie. On se dit : jouissons maintenant. Dans les îles comme Guernesey, la population est composée d' hommes qui ont passé leur vie à faire le tour de leur champ et d' hommes qui ont passé leur vie à faire le tour du monde. Ce sont les deux sortes de laboureurs, ceux-ci de la terre, ceux-là de la mer. Mess Lethierry était des derniers. Pourtant il connaissait la terre. Il avait eu une forte vie de travailleur. Il avait voyagé sur le continent. Il avait été quelque temps charpentier de navire à Rochefort, puis à Cette. Nous venons de parler du tour du monde ; il avait accompli son tour de France comme compagnon dans la charpenterie. Il avait travaillé aux appareils d' épuisement des salines de Franche-Comté. Cet honnête homme avait eu une vie d' aventurier. En France il avait appris à lire, à penser, à vouloir. Il avait fait de tout, et de tout ce qu' il avait fait il avait extrait la probité. Le fond de sa nature, c' était le matelot. L' eau lui appartenait. Il disait : les poissons sont chez moi. En somme toute son existence, à deux ou trois années près, avait été donnée à l' océan ; jetée à l' eau, disait-il. Il avait navigué dans les grandes mers, dans l' Atlantique et dans le Pacifique, mais il préférait la Manche. Il s' écriait avec amour : c' est celle-là qui est rude ! il y était né et voulait y mourir. Après avoir fait un ou deux tours du monde, sachant à quoi s' en tenir, il était revenu à Guernesey, et n' en avait plus bougé. Ses voyages désormais étaient Granville et Saint-Malo. Mess Lethierry était guernesiais, c' est-à-dire normand, c' est-à-dire anglais, c' est-à-dire français. Il avait en lui cette patrie quadruple, immergée et comme noyée dans sa grande patrie l' océan. Toute sa vie et partout, il avait gardé ses moeurs de pêcheur normand. Cela ne l' empêchait point d' ouvrir un bouquin dans l' occasion, de se plaire à un livre, de savoir des noms de philosophes et de poëtes, et de baragouiner un peu toutes les langues.
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2 un goût qu' il avait. Gilliatt était un sauvage. Mess Lethierry en était un autre. Ce sauvage avait ses élégances. Il était difficile pour les mains des femmes. Dans sa jeunesse, presque enfant encore, étant entre matelot et mousse, il avait entendu le bailli De Suffren s' écrier : voilà une jolie fille, mais quelles grandes diables de mains rouges ! un mot d' amiral, en toute matière, commande. Au-dessus d' un oracle, il y a une consigne. L' exclamation du bailli De Suffren avait rendu Lethierry délicat, et exigeant en fait de petites mains blanches. Sa main à lui, large spatule couleur acajou, était massue pour la légèreté et tenaille pour la caresse, et cassait un pavé en tombant dessus, fermée. Il ne s' était jamais marié. Il n' avait pas voulu ou pas trouvé. Cela tenait peut-être à ce que ce matelot prétendait à des mains de duchesse. On ne rencontre guère de ces mains-là dans les pêcheuses de Portbail. On racontait pourtant qu' à Rochefort en Charente, il avait jadis fait la trouvaille d' une grisette réalisant son idéal. C' était une jolie fille ayant de jolies mains. Elle médisait et égratignait. Il ne fallait point s' attaquer à elle. Griffes au besoin, et d' une propreté exquise, ses ongles étaient sans reproche et sans peur. Ces charmants ongles avaient enchanté Lethierry, puis l' avaient inquiété ; et, craignant de ne pas être un jour le maître de sa maîtresse, il s' était décidé à ne point mener par-devant monsieur le maire cette amourette. Une autre fois, à Aurigny, une fille lui avait plu. Il songeait aux épousailles, quand un habitant lui dit : je vous fais mon compliment. Vous aurez là une bonne bouselière. il se fit expliquer l' éloge. à Aurigny, on a une mode. On prend de la bouse de vache et on la jette contre les murs. Il y a une manière de la jeter. Quand elle est sèche, elle tombe, et l' on se chauffe avec cela. On appelle ces bouses sèches des coipiaux . On n' épouse une fille que si elle est bonne bouselière. Ce talent mit Lethierry en fuite. Du reste il avait, en matière d' amour, ou d' amourette, une bonne grosse philosophie paysanne, une sagesse de matelot toujours pris, jamais enchaîné, et il se vantait de s' être, dans sa jeunesse, aisément laissé vaincre par le " cotillon " . Ce qu' on nomme aujourd' hui une crinoline, on l' appelait alors un cotillon. Cela signifie plus et moins qu' une femme.
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Ces rudes marins de l' archipel normand ont de l' esprit. Presque tous savent lire et lisent. On voit le dimanche de petits mousses de huit ans assis sur un rouleau de cordages un livre à la main. De tout temps ces marins normands ont été sardoniques, et ont, comme on dit aujourd' hui, fait des mots. Ce fut l' un d' eux, le hardi pilote Quéripel, qui jeta à Montgomery, réfugié à Jersey après son malencontreux coup de lance à Henri Ii, cette apostrophe : tête folle a cassé tête vide. c' est un autre, Touzeau, patron à saint-Brelade, qui a fait ce calembour philosophique, attribué à tort à l' évêque Camus : après la mort les papes deviennent papillons et les sires deviennent cirons. | |
| | | lorkhor Invité
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 23:10 | |
| je voulait alé de 1 à 100 mais c tro long snif |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Membre de la Black Hole Army Points: 201.859 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Dim 10 Juin - 15:10 | |
| oui c'est pareil pour moi j'ai pas pu mettre le bouquin en entier donc par étapes !!
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3 la vieille langue de mer. Ces marins des channel islands sont de vrais vieux gaulois. Ces îles, qui aujourd' hui s' anglaisent rapidement, sont restées longtemps autochthones. Le paysan de Serk parle la langue de Louis Xiv. Il y a quarante ans, on retrouvait dans la bouche des matelots de Jersey et d' Aurigny l' idiome marin classique. On se fût cru en pleine marine du xviie siècle. Un archéologue spécialiste eût pu venir étudier là l' antique patois de manoeuvre et de bataille rugi par Jean Bart dans ce porte-voix qui terrifiait l' amiral Hidde. Le vocabulaire maritime de nos pères, presque entièrement renouvelé aujourd' hui, était encore usité à Guernesey vers 1820. Un navire qui tient bien le vent était " bon boulinier " ; un navire qui se range au vent presque de lui-même, malgré ses voiles d' avant et son gouvernail, était un " vaisseau ardent " . Entrer en mouvement, c' était " prendre aire " ; mettre à la cape, c' était " capeyer " ; amarrer le bout d' une manoeuvre courante, c' était " faire dormant " ; prendre le vent dessus, c' était " faire chapelle " ; tenir bon sur le câble, c' était " faire teste " ; être en désordre à bord, c' était " être en pantenne " ; avoir le vent dans les voiles, c' était " porter-plain " . Rien de tout cela ne se dit plus. Aujourd' hui on dit : louvoyer, alors on disait : leauvoyer ; on dit : naviguer, on disait : naviger ; on dit : virer vent devant, on disait : donner vent devant ; on dit : aller de l' avant, on disait : tailler de l' avant ; on dit : tirez d' accord, on disait : halez d' accord ; on dit : dérapez, on disait : déplantez ; on dit : embraquez, on disait : abraquez ; on dit : taquets, on disait : bittons ; on dit : burins, on disait : tappes ; on dit : balancines, on disait : valancines ; on dit : tribord, on disait : stribord ; on dit : les hommes de quart à bâbord, on disait : les basbourdis. Tourville écrivait à Hocquincourt : nous avons singlé. au lieu de " la rafale " , le raffal ; au lieu de " bossoir " , boussoir ; au lieu de " drosse " , drousse ; au lieu de " loffer " , faire une olofée ; au lieu de " élonger " , alonger ; au lieu de " forte brise " , survent ; au lieu de " jouail " , jas ; au lieu de " soute " , fosse ; telle était, au commencement de ce siècle, la langue de bord des îles de la Manche. En entendant parler un pilote jersiais, Ango eût été ému. Tandis que partout les voiles faseyaient , aux îles de la Manche elles barbeyaient . Une saute-de-vent était une " folle-vente " . On n' employait plus que là les deux modes gothiques
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d' amarrage, la valture et la portugaise. On n' entendait plus que là les vieux commandements : tour-et-choque ! -bosse et bitte ! - un matelot de Granville disait déjà le clan , qu' un matelot de Saint-Aubin ou de saint-Sampson disait encore le canal de pouliot . Ce qui était bout d' alonge à Saint-Malo, était à Saint-Hélier oreille d' âne . Mess Lethierry, absolument comme le duc De Vivonne, appelait la courbure concave des ponts la tonture et le ciseau du calfat la patarasse . C' est avec ce bizarre idiome entre les dents que Duquesne battit Ruyter, que Duguay-Trouin battit Wasnaer, et que Tourville en 1681 embossa en plein jour la première galère qui bombarda Alger. Aujourd' hui, c' est une langue morte. L' argot de la mer est actuellement tout autre. Duperré ne comprendrait pas Suffren. La langue des signaux ne s' est pas moins transformée ; et il y a loin des quatre flammes, rouge, blanche, bleue et jaune de La Bourdonnais aux dix-huit pavillons d' aujourd' hui qui, arborés deux par deux, trois par trois, et quatre par quatre, offrent aux besoins de la communication lointaine soixante-dix mille combinaisons, ne restent jamais court, et, pour ainsi dire, prévoient l' imprévu.
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4 on est vulnérable dans ce qu' on aime. Mess Lethierry avait le coeur sur la main ; une large main et un grand coeur. Son défaut, c' était cette admirable qualité, la confiance. Il avait une façon à lui de prendre un engagement ; c' était solennel ; il disait : j' en donne ma parole d' honneur au bon Dieu. cela dit, il allait jusqu' au bout. Il croyait au bon Dieu, pas au reste. Le peu qu' il allait aux églises était politesse. En mer, il était superstitieux. Pourtant jamais un gros temps ne l' avait fait reculer ; cela tenait à ce qu' il était peu accessible à la contradiction. Il ne la tolérait pas plus de l' océan que d' un autre. Il entendait être obéi ; tant pis pour la mer si elle résistait ; il fallait qu' elle en prît son parti. Mess Lethierry ne cédait point. Une vague qui se cabre, pas plus qu' un voisin qui dispute, ne réussissait à l' arrêter. Ce qu' il disait était dit, ce qu' il projetait était fait. Il ne se courbait ni devant une objection, ni devant une tempête. non , pour lui, n' existait pas ; ni dans la bouche d' un homme, ni dans le grondement d' un nuage. Il passait outre. Il ne permettait point qu' on le refusât. De là son entêtement dans la vie et son intrépidité sur l' océan. Il assaisonnait volontiers lui-même sa soupe au poisson, sachant la dose de poivre et de sel et les herbes qu' il fallait, et se régalait autant de la faire que de la manger. Un être qu' un suroît transfigure et qu' une redingote abrutit, qui ressemble, les cheveux au vent, à Jean Bart, et, en chapeau rond, à Jocrisse, gauche à la ville, étrange et redoutable à la mer, un dos de portefaix, point de jurons, très rarement de la colère, un petit accent très doux qui devient tonnerre dans un porte-voix, un paysan qui a lu l' encyclopédie, un guernesiais qui a vu la révolution, un ignorant très savant, aucune bigoterie, mais toutes sortes de visions, plus de foi à la dame blanche qu' à la sainte Vierge, la force de Polyphème, la volonté de Christophe Colomb, la logique de la girouette, quelque chose d' un taureau et quelque chose d' un enfant, un nez presque camard, des joues puissantes, une bouche qui a toutes ses dents, un froncement partout sur la figure, une face qui semble avoir été tripotée par la vague et sur laquelle la rose des vents a tourné pendant quarante ans, un air d' orage sur le front, une
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carnation de roche en pleine mer ; et maintenant mettez dans ce visage dur un regard bon, vous aurez mess Lethierry. Mess Lethierry avait deux amours : Durande et Déruchette. | |
| | | lorkhor Invité
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Dim 10 Juin - 18:21 | |
| sa aurait été marant un message de 25 page environt
(et encore....) |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Dim 10 Juin - 18:23 | |
| et encore... ouais peut etre 50 page !!
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1 babil et fumée. Le corps humain pourrait bien n' être qu' une apparence. Il cache notre réalité. Il s' épaissit sur notre lumière ou sur notre ombre. La réalité c' est l' âme. à parler absolument, notre visage est un masque. Le vrai homme, c' est ce qui est sous l' homme. Si l' on apercevait cet homme-là, tapi ou abrité derrière cette illusion qu' on nomme la chair, on aurait plus d' une surprise. L' erreur commune, c' est de prendre l' être extérieur pour l' être réel. Telle fille, par exemple, si on la voyait ce qu' elle est, apparaîtrait oiseau. Un oiseau qui a la forme d' une fille, quoi de plus exquis ! Figurez-vous que vous l' avez chez vous. Ce sera Déruchette. Le délicieux être ! On serait tenté de lui dire : bonjour, mademoiselle la bergeronnette. On ne voit pas les ailes, mais on entend le gazouillement. Par instants, elle chante. Par le babil, c' est au-dessous de l' homme ; par le chant, c' est au-dessus. Il y a le mystère dans ce chant ; une vierge est une enveloppe d' ange. Quand la femme se fait, l' ange s' en va ; mais plus tard, il revient, apportant une petite âme à la mère. En attendant la vie, celle qui sera mère un jour est très longtemps un enfant, la petite fille persiste dans la jeune fille, et c' est une fauvette. On pense en la voyant : qu' elle est aimable de ne pas s' envoler ! Le doux être familier prend ses aises dans la maison, de branche en branche, c' est-à-dire de chambre en chambre, entre, sort, s' approche, s' éloigne, lisse ses plumes ou peigne ses cheveux, fait toutes sortes de petits bruits délicats, murmure on ne sait quoi d' ineffable à vos oreilles. Il questionne, on lui répond ; on l' interroge, il gazouille. On jase avec lui. Jaser, cela délasse de parler. Cet être a du ciel en lui. C' est une pensée bleue mêlée à votre pensée noire. Vous lui savez gré d' être si léger, si fuyant, si échappant, si peu
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saisissable, et d' avoir la bonté de ne pas être invisible, lui qui pourrait, ce semble, être impalpable. Ici-bas, le joli, c' est le nécessaire. Il y a sur la terre peu de fonctions plus importantes que celle-ci : être charmant. La forêt serait au désespoir sans le colibri. Dégager de la joie, rayonner du bonheur, avoir parmi les choses sombres une exsudation de lumière, être la dorure du destin, être l' harmonie, être la grâce, être la gentillesse, c' est vous rendre service. La beauté me fait du bien en étant belle. Telle créature a cette féerie d' être pour tout ce qui l' entoure un enchantement ; quelquefois elle n' en sait rien elle-même, ce n' en est que plus souverain ; sa présence éclaire, son approche réchauffe ; elle passe, on est content, elle s' arrête, on est heureux ; la regarder, c' est vivre ; elle est de l' aurore ayant la figure humaine ; elle ne fait pas autre chose que d' être là, cela suffit, elle édénise la maison, il lui sort par tous les pores un paradis ; cette extase, elle la distribue à tous sans se donner d' autre peine que de respirer à côté d' eux. Avoir un sourire qui, on ne sait comment, diminue le poids de la chaîne énorme traînée en commun par tous les vivants, que voulez-vous que je vous dise, c' est divin. Ce sourire, Déruchette l' avait. Disons plus, Déruchette était ce sourire. Il y a quelque chose qui nous ressemble plus que notre visage, c' est notre physionomie ; il y a quelque chose qui nous ressemble plus que notre physionomie, c' est notre sourire. Déruchette souriant, c' était Déruchette. C' est un sang particulièrement attrayant que celui de Jersey et de Guernesey. Les femmes, les filles surtout, sont d' une beauté fleurie et candide. C' est la blancheur saxonne et la fraîcheur normande combinées. Des joues roses et des regards bleus. Il manque à ces regards l' étoile. L' éducation anglaise les amortit. Ces yeux limpides seront irrésistibles le jour où la profondeur parisienne y apparaîtra. Paris, heureusement, n' a pas encore fait son entrée dans les anglaises. Déruchette n' était pas une parisienne, mais n' était pas non plus une guernesiaise. Elle était née à Saint-Pierre-Port, mais mess Lethierry l' avait élevée. Il l' avait élevée pour être mignonne ; elle l' était. Déruchette avait le regard indolent, et agressif sans le savoir. Elle ne connaissait peut-être pas le sens du mot amour, et elle rendait volontiers les gens amoureux d' elle. Mais sans mauvaise intention. Elle ne songeait à aucun mariage. Le vieux gentilhomme émigré qui avait pris racine à saint-Sampson disait : cette petite fait de la flirtation à poudre. Déruchette avait les plus jolies petites mains du monde et des pieds assortis aux mains, quatre pattes de mouche, disait mess Lethierry. Elle avait dans toute sa personne la bonté et la douceur, pour famille et pour richesse mess Lethierry, son oncle, pour travail de se laisser vivre, pour talent
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quelques chansons, pour science la beauté, pour esprit l' innocence, pour coeur l' ignorance ; elle avait la gracieuse paresse créole, mêlée d' étourderie et de vivacité, la gaîté taquine de l' enfance avec une pente à la mélancolie, des toilettes un peu insulaires, élégantes, mais incorrectes, des chapeaux de fleurs toute l' année, le front naïf, le cou souple et tentant, les cheveux châtains, la peau blanche avec quelques taches de rousseur l' été, la bouche grande et saine, et sur cette bouche l' adorable et dangereuse clarté du sourire. C' était là Déruchette. Quelquefois, le soir, après le soleil couché, au moment où la nuit se mêle à la mer, à l' heure où le crépuscule donne une sorte d' épouvante aux vagues, on voyait entrer dans le goulet de saint-Sampson, sur le soulèvement sinistre des flots, on ne sait quelle masse informe, une silhouette monstrueuse qui sifflait et crachait, une chose horrible qui râlait comme une bête et qui fumait comme un volcan, une espèce d' hydre bavant dans l' écume et traînant un brouillard, et se ruant vers la ville avec un effrayant battement de nageoires et une gueule d' où sortait de la flamme. C' était Durande.
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2 histoire éternelle de l' utopie. C' était une prodigieuse nouveauté qu' un bateau à vapeur dans les eaux de la Manche en 182... toute la côte normande en fut longtemps effarée. Aujourd' hui dix ou douze steamers se croisant en sens inverse sur un horizon de mer ne font lever les yeux à personne ; tout au plus occupent-ils un moment le connaisseur spécial qui distingue à la couleur de leur fumée que celui-ci brûle du charbon de Wales et celui-là du charbon de Newcastle. Ils passent, c' est bien. Wellcome, s' ils arrivent. Bon voyage, s' ils partent. On était moins calme à l' endroit de ces inventions-là dans le premier quart de ce siècle, et ces mécaniques et leur fumée étaient particulièrement mal vues chez les insulaires de la Manche. Dans cet archipel puritain, où la reine d' Angleterre a été blâmée de violer la bible en accouchant par le chloroforme, le bateau à vapeur eut pour premier succès d' être baptisé le bateau-diable (devil-boat). à ces bons pêcheurs d' alors, jadis catholiques, désormais calvinistes, toujours bigots, cela sembla être de l' enfer qui flottait. Un prédicateur local traita cette question : a-t-on le droit de faire travailler ensemble l' eau et le feu que Dieu a séparés ? cette bête de feu et de fer ne ressemblait-elle pas à léviathan ? N' était-ce pas refaire, dans la mesure humaine, le chaos ? Ce n' est pas la première fois que l' ascension du progrès est qualifiée retour au chaos. idée folle, erreur grossière, absurdité ; tel avait été le verdict de l' académie des sciences consultée, au commencement de ce siècle, sur le bateau à vapeur par Napoléon ; les pêcheurs de saint-Sampson sont excusables de n' être, en matière scientifique, qu' au niveau des géomètres de Paris, et, en matière religieuse, une petite île comme Guernesey n' est pas forcée d' avoir plus de lumières qu' un grand continent comme l' Amérique. En 1807, quand le premier bateau de Fulton, patronné par Livingstone, pourvu de la machine de Watt envoyée d' Angleterre, et monté, outre l' équipage, par deux français seulement, André Michaux et un autre, quand ce premier bateau à vapeur fit son premier voyage de New-York à Albany, le hasard fit que ce fut le
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17 août. Sur ce, le méthodisme prit la parole, et dans toutes les chapelles les prédicateurs maudirent cette machine, déclarant que ce nombre dix-sept était le total des dix antennes et des sept têtes de la bête de l' apocalypse. En Amérique on invoquait contre le navire à vapeur la bête de l' apocalypse et en Europe la bête de la genèse. Là était toute la différence. Les savants avaient rejeté le bateau à vapeur comme impossible ; les prêtres à leur tour le rejetaient comme impie. La science avait condamné, la religion damnait. Fulton était une variété de Lucifer. Les gens simples des côtes et des campagnes adhéraient à la réprobation par le malaise que leur donnait cette nouveauté. En présence du bateau à vapeur, le point de vue religieux était ceci : -l' eau et le feu sont un divorce. Ce divorce est ordonné de Dieu. On ne doit pas désunir ce que Dieu a uni ; on ne doit pas unir ce qu' il a désuni. -le point de vue paysan était ceci : ça me fait peur. Pour oser à cette époque lointaine une telle entreprise, un bateau à vapeur allant de Guernesey à Saint-Malo, il ne fallait rien moins que mess Lethierry. Lui seul pouvait la concevoir comme libre penseur, et la réaliser comme hardi marin. Son côté français eut l' idée, son côté anglais l' exécuta. à quelle occasion ? Disons-le. | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Dim 10 Juin - 21:13 | |
| Mais en plus vous avez vu ce que c'est? C'est trop con comme truc! mdr | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Dim 10 Juin - 22:58 | |
| oui je sais ce que c'est : c'est les travailleurs de la mer de Victor Hugo, très beau livre que je conseil à toute âme philosophique soit-elle !
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3 Rantaine. Quarante ans environ avant l' époque où se passent les faits que nous racontons ici, il y avait dans la banlieue de Paris, près du mur de ronde, entre la fosse-aux-loups et la tombe-issoire, un logis suspect. C' était une masure isolée, coupe-gorge au besoin. Là demeurait avec sa femme et son enfant une espèce de bourgeois bandit, ancien clerc de procureur au Châtelet, devenu voleur tout net. Il figura plus tard en cour d' assises. Cette famille s' appelait les Rantaine. On voyait dans la masure sur une commode d' acajou deux tasses en porcelaine fleurie ; on lisait en lettres dorées sur l' une : souvenir d' amitié, et sur l' autre : don d' estime. l' enfant était dans le bouge pêle-mêle avec le crime. Le père et la mère ayant été de la demi-bourgeoisie, l' enfant apprenait à lire ; on l' élevait. La mère, pâle, presque en guenilles, donnait machinalement " de l' éducation " à son petit, le faisait épeler, et s' interrompait pour aider son mari à quelque guet-apens, ou pour se prostituer à un passant. Pendant ce temps-là, la croix de Jésus, ouverte à l' endroit où on l' avait quittée, restait sur la table, et l' enfant auprès, rêveur. Le père et la mère, saisis dans quelque flagrant délit, disparurent dans la nuit pénale. L' enfant disparut aussi. Lethierry dans ses courses rencontra un aventurier comme lui, le tira d' on ne sait quel mauvais pas, lui rendit service, lui en fut reconnaissant, le prit en gré, le ramassa, l' amena à Guernesey, le trouva intelligent au cabotage, et en fit son associé. C' était le petit Rantaine devenu grand. Rantaine, comme Lethierry, avait une nuque robuste, une large et puissante marge à porter des fardeaux entre les deux épaules, et des reins d' Hercule Farnèse. Lethierry et lui, c' était la même allure et la même encolure ; Rantaine était de plus haute taille. Qui les voyait de dos se promener côte à côte sur le port, disait : voilà les deux frères. De face, c' était autre chose. Tout ce qui était ouvert chez Lethierry était fermé chez Rantaine. Rantaine était circonspect. Rantaine était maître d' armes, jouait de l' harmonica, mouchait une chandelle d' une balle à vingt pas, avait un coup de poing magnifique, récitait des vers de la henriade et devinait les songes. Il savait par coeur les tombeaux de saint-Denis, par Treneuil. Il disait avoir été lié avec le sultan de Calicut que les portugais appellent le zamorin . Si l' on eût pu feuilleter
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le petit agenda qu' il avait sur lui, on y eût trouvé, entre autres notes, des mentions du genre de celle-ci : " à Lyon, dans une des fissures du mur d' un des cachots de saint-Joseph, il y a une lime cachée " . Il parlait avec une sage lenteur. Il se disait fils d' un chevalier de Saint-Louis. Son linge était dépareillé et marqué à des lettres différentes. Personne n' était plus chatouilleux que lui sur le point d' honneur ; il se battait et tuait. Il avait dans le regard quelque chose d' une mère d' actrice. La force servant d' enveloppe à la ruse, c' était là Rantaine. La beauté de son coup de poing, appliquée dans une foire sur une cabeza de moro , avait gagné jadis le coeur de Lethierry. On ignorait pleinement à Guernesey ses aventures. Elles étaient bigarrées. Si les destinées ont un vestiaire, la destinée de Rantaine devait être vêtue en arlequin. Il avait vu le monde et fait la vie. C' était un circumnavigateur. Ses métiers étaient une gamme. Il avait été cuisinier à Madagascar, éleveur d' oiseaux à Sumatra, général à Honolulu, journaliste religieux aux îles Gallapagos, poëte à Oomrawuttee, franc-maçon à Haïti. Il avait prononcé en cette dernière qualité au Grand-Goâve une oraison funèbre dont les journaux locaux ont conservé ce fragment : " ... adieu donc, belle âme ! Dans la voûte azurée des cieux où tu prends maintenant ton vol, tu rencontreras sans doute le bon abbé Léandre Crameau du Petit-Goâve. Dis-lui que, grâce à dix années d' efforts glorieux, tu as terminé l' église de l' anse-à-veau ! Adieu, génie transcendant, maç. modèle ! " son masque de franç-maçon ne l' empêchait pas, comme on voit, de porter le faux nez catholique. Le premier lui conciliait les hommes de progrès et le second les hommes d' ordre. Il se déclarait blanc pur sang, il haïssait les noirs ; pourtant il eût certainement admiré Soulouque. à Bordeaux, en 1815, il avait été verdet. à cette époque, la fumée de son royalisme lui sortait du front sous la forme d' un immense plumet blanc. Il avait passé sa vie à faire des éclipses, paraissant, disparaissant, reparaissant. C' était un coquin à feu tournant. Il savait du turc ; au lieu de guillotiné il disait néboïssé . Il avait été esclave en Tripoli chez un thaleb, et il y avait appris le turc à coups de bâton ; sa fonction avait été d' aller le soir aux portes des mosquées et d' y lire à haute voix devant les fidèles le koran écrit sur des planchettes de bois ou sur des omoplates de chameau. Il était probablement renégat. Il était capable de tout, et de pire. Il éclatait de rire et fronçait le sourcil en même temps. Il disait : en politique, je n' estime que les gens inaccessibles aux influences. il disait : je suis pour les moeurs. il disait : il faut replacer la pyramide sur sa base. il était plutôt gai et cordial qu' autre chose. La forme de sa bouche démentait le sens de ses paroles. Ses narines eussent pu passer pour des naseaux. Il avait au coin de l' oeil un
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carrefour de rides où toutes sortes de pensées obscures se donnaient rendez-vous. Le secret de sa physionomie ne pouvait être déchiffré que là. Sa patte d' oie était une serre de vautour. Son crâne était bas au sommet et large aux tempes. Son oreille, difforme et encombrée de broussailles, semblait dire : ne parlez pas à la bête qui est dans cet antre. Un beau jour, à Guernesey, on ne sut plus où était Rantaine. L' associé de Lethierry avait " filé " , laissant vide la caisse de l' association. Dans cette caisse il y avait de l' argent à Rantaine sans doute, mais il y avait aussi cinquante mille francs à Lethierry. Lethierry, dans son métier de caboteur et de charpentier de navires, avait, en quarante ans d' industrie et de probité, gagné cent mille francs. Rantaine lui en emporta la moitié. Lethierry, à moitié ruiné, ne fléchit pas et songea immédiatement à se relever. On ruine la fortune des gens de coeur, non leur courage. On commençait alors à parler du bateau à vapeur. L' idée vint à Lethierry d' essayer la machine Fulton, si contestée, et de relier par un bateau à feu l' archipel normand à la France. Il joua son vatout sur cette idée. Il y consacra son reste. Six mois après la fuite de Rantaine, on vit sortir du port stupéfait de saint-Sampson un navire à fumée, faisant l' effet d' un incendie en mer, le premier steamer qui ait navigué dans la Manche. Ce bateau, que la haine et le dédain de tous gratifièrent immédiatement du sobriquet " la galiote à Lethierry " , s' annonça comme devant faire le service régulier de Guernesey à Saint-Malo.
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4 suite de l' histoire de l' utopie. La chose, on le comprend de reste, prit d' abord fort mal. Tous les propriétaires de coutres faisant le voyage de l' île guernesiaise à la côte française jetèrent les hauts cris. Ils dénoncèrent cet attentat à l' écriture sainte et à leur monopole. Quelques chapelles fulminèrent. Un révérend, nommé Elihu, qualifia le bateau à vapeur " un libertinage " . Le navire à voiles fut déclaré orthodoxe. On vit distinctement les cornes du diable sur la tête des boeufs que le bateau à vapeur apportait et débarquait. Cette protestation dura un temps raisonnable. Cependant peu à peu on finit par s' apercevoir que ces boeufs arrivaient moins fatigués, et se vendaient mieux, la viande étant meilleure ; que les risques de mer étaient moindres pour les hommes aussi ; que ce passage, moins coûteux, était plus sûr et plus court ; qu' on partait à heure fixe et qu' on arrivait à heure fixe ; que le poisson, voyageant plus vite, était plus frais, et qu' on pouvait désormais déverser sur les marchés français l' excédent des grandes pêches, si fréquentes à Guernesey ; que le beurre des admirables vaches de Guernesey faisait plus rapidement le trajet dans le devil-boat que dans les sloops à voile, et ne perdait plus rien de sa qualité, de sorte que Dinan en demandait, et que Saint-Brieuc en demandait, et que Rennes en demandait ; qu' enfin il y avait, grâce à ce qu' on appelait la galiote à Lethierry , sécurité de voyage, régularité de communication, va-et-vient facile et prompt, agrandissement de circulation, multiplication de débouchés, extension de commerce, et qu' en somme il fallait prendre son parti de ce devil-boat qui violait la bible et enrichissait l' île. Quelques esprits forts se hasardèrent à approuver dans une certaine mesure. Sieur Landoys, le greffier, accorda son estime à ce bateau. Du reste, ce fut impartialité de sa part, car il n' aimait pas Lethierry. D' abord Lethierry était mess et Landoys n' était que sieur. Ensuite, quoique greffier à Saint-Pierre-Port, Landoys était paroissien de saint-Sampson ; or ils n' étaient dans la paroisse que deux hommes, Lethierry et lui, n' ayant point de préjugés ; c' était bien le moins que l' un détestât l' autre. être du même bord, cela éloigne. Sieur Landoys néanmoins eut l' honnêteté d' approuver le bateau à vapeur. D' autres se joignirent à sieur Landoys. Insensiblement, le fait
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monta ; les faits sont une marée, et, avec le temps, avec le succès continu et croissant, avec l' évidence du service rendu, l' augmentation du bien-être de tous étant constatée, il vint un jour où, quelques sages exceptés, tout le monde admira " la galiote à Lethierry " . On l' admirerait moins aujourd' hui. Ce steamer d' il y a quarante ans ferait sourire nos constructeurs actuels. Cette merveille était difforme ; ce prodige était infirme. De nos grands steamers transatlantiques d' à présent au bateau à roues et à feu que Denis Papin fit manoeuvrer sur la fulde en 1707, il n' y a pas moins de distance que du vaisseau à trois ponts le montebello , long de deux cents pieds, large de cinquante, ayant une grande vergue de cent quinze pieds, déplaçant un poids de trois mille tonneaux, portant onze cents hommes, cent vingt canons, dix mille boulets et cent soixante paquets de mitraille, vomissant à chaque bordée, quand il combat, trois mille trois cents livres de fer, et déployant au vent, quand il marche, cinq mille six cents mètres carrés de toile, au dromon danois du iie siècle, trouvé plein de haches de pierre, d' arcs et de massues, dans les boues marines de Wester-Satrup, et déposé à l' hôtel de ville de Flensbourg. Cent ans juste d' intervalle, 1707-1807, séparent le premier bateau de Papin du premier bateau de Fulton. La " galiote à Lethierry " était, à coup sûr, un progrès sur ces deux ébauches, mais était une ébauche elle-même. Cela ne l' empêchait pas d' être un chef-d' oeuvre. Tout embryon de la science offre ce double aspect : monstre comme foetus ; merveille comme germe. | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Lun 11 Juin - 10:31 | |
| c cool tu es arrivé à la page 100!!!(dis moi pa ke yen a encore après, stp...) | |
| | | lorkhor Invité
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Lun 11 Juin - 13:44 | |
| ben si y'en a encore tout plein tout plein tu peu voir sur le site si tu me crois pas |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Lun 11 Juin - 20:03 | |
| je crois qu'il y'a 400 pages et même plus !!
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5 le bateau-diable. La " galiote à Lethierry " n' était pas mâtée selon le point vélique, et ce n' était pas là son défaut, car c' est une des lois de la construction navale ; d' ailleurs le navire ayant pour propulseur le feu, la voilure était l' accessoire. Ajoutons qu' un navire à roues est presque insensible à la voilure qu' on lui met. La galiote était trop courte, trop ronde, trop ramassée ; elle avait trop de joue et trop de hanche ; la hardiesse n' avait pas été jusqu' à la faire légère ; la galiote avait quelques-uns des inconvénients et quelques-unes des qualités de la panse. Elle tanguait peu, mais roulait beaucoup. Les tambours étaient trop hauts. Elle avait trop de bau pour sa longueur. La machine, massive, l' encombrait, et, pour rendre le navire capable d' une forte cargaison, on avait dû hausser démesurément la muraille, ce qui donnait à la galiote à peu près le défaut des vaisseaux de soixante-quatorze, qui sont un gabarit bâtard, et qu' il faut raser pour les rendre battants et marins. étant courte, elle eût dû virer vite, les temps employés à une évolution étant comme les longueurs des navires ; mais sa pesanteur lui ôtait l' avantage que lui donnait sa brièveté. Son maître-couple était trop large, ce qui la ralentissait, la résistance de l' eau étant proportionnelle à la plus grande section immergée et au carré de la vitesse du navire. L' avant était vertical, ce qui ne serait pas une faute aujourd' hui, mais en ce temps-là l' usage invariable était de l' incliner de quarante-cinq degrés. Toutes les courbes de la coque étaient bien raccordées, mais pas assez longues pour l' obliquité et surtout pour le parallélisme avec le prisme d' eau déplacé, lequel ne doit jamais être refoulé que latéralement. Dans les gros temps, elle tirait trop d' eau, tantôt par l' avant, tantôt par l' arrière, ce qui indiquait un vice dans le centre de gravité. La charge n' étant pas où elle devait être, à cause du poids de la machine, le centre de gravité passait souvent à l' arrière du grand mât, et alors il fallait s' en tenir à la vapeur, et se défier de la grande voile, car l' effort de la grande voile dans ce cas-là faisait arriver le vaisseau au lieu de le soutenir au vent. La ressource était, quand on était au plus près du vent, de larguer en bande la grande écoute ; le vent, de la sorte, était fixé sur l' avant par l' amure, et la grande voile ne faisait plus l' effet d' une voile de poupe. Cette manoeuvre était difficile. Le gouvernail était l' antique gouvernail, non à roue comme
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aujourd' hui, mais à barre, tournant sur ses gonds scellés dans l' étambot et mû par une solive horizontale passant par-dessus la barre d' arcasse. Deux canots, espèces de youyous, étaient suspendus aux pistolets. Le navire avait quatre ancres, la grosse ancre, la seconde ancre qui est l' ancre travailleuse, working-anchor, et deux ancres d' affourche. Ces quatre ancres, mouillées avec des chaînes, étaient manoeuvrées, selon les occasions, par le grand cabestan de poupe et le petit cabestan de proue. à cette époque, le guindoir à pompe n' avait pas encore remplacé l' effort intermittent de la barre d' anspect. N' ayant que deux ancres d' affourche, l' une à tribord, l' autre à bâbord, le navire ne pouvait affourcher en patte d' oie, ce qui le désarmait un peu devant certains vents. Pourtant il pouvait en ce cas s' aider de la seconde ancre. Les bouées étaient normales, et construites de manière à porter le poids de l' orin des ancres, tout en restant à flot. La chaloupe avait la dimension utile. C' était le véritable en-cas du bâtiment ; elle était assez forte pour lever la maîtresse ancre. Une nouveauté de ce navire, c' est qu' il était en partie gréé avec des chaînes, ce qui du reste n' ôtait rien de leur mobilité aux manoeuvres courantes et de leur tension aux manoeuvres dormantes. La mâture, quoique secondaire, n' avait aucune incorrection ; le capelage bien serré, bien dégagé, paraissait peu. Les membrures étaient solides, mais grossières, la vapeur n' exigeant point la même délicatesse de bois que la voile. Ce navire marchait avec une vitesse de deux lieues à l' heure. En panne il faisait bien son abatée. Telle qu' elle était, " la galiote à Lethierry " tenait bien la mer, mais elle manquait de pointe pour diviser le liquide, et l' on ne pouvait dire qu' elle eût de belles façons. On sentait que dans un danger, écueil ou trombe, elle serait peu maniable. Elle avait le craquement d' une chose informe. Elle faisait, en roulant sur la vague, un bruit de semelle neuve. Ce navire était surtout un récipient, et, comme tout bâtiment plutôt armé en marchandise qu' en guerre, il était exclusivement disposé pour l' arrimage. Il admettait peu de passagers. Le transport du bétail rendait l' arrimage difficile et très particulier. On arrimait alors les boeufs dans la cale, ce qui était une complication. Aujourd' hui on les arrime sur l' avant-pont. Les tambours du devil-boat Lethierry étaient peints en blanc, la coque, jusqu' à la ligne de flottaison, en couleur de feu, et tout le reste du navire, selon la mode assez laide de ce siècle, en noir. Vide, il calait sept pieds, et, chargé, quatorze. Quant à la machine, elle était puissante. La force était d' un cheval pour trois tonneaux, ce qui est presque une force de remorqueur. Les roues étaient bien placées, un peu en avant du centre de gravité du navire. La machine avait une pression maximum de deux atmosphères. Elle usait
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beaucoup de charbon, quoiqu' elle fût à condensation et à détente. Elle n' avait pas de volant à cause de l' instabilité du point d' appui, et elle y remédiait, comme on le fait encore aujourd' hui, par un double appareil faisant alterner deux manivelles fixées aux extrémités de l' arbre de rotation et disposées de manière à ce que l' une fût toujours à son point fort quand l' autre était à son point mort. Toute la machine reposait sur une seule plaque de fonte ; de sorte que, même dans un cas de grave avarie, aucun coup de mer ne lui ôtait l' équilibre et que la coque déformée ne pouvait déformer la machine. Pour rendre la machine plus solide encore, on avait placé la bielle principale près du cylindre, ce qui transportait du milieu à l' extrémité le centre d' oscillation du balancier. Depuis on a inventé les cylindres oscillants qui permettent de supprimer les bielles ; mais, à cette époque, la bielle près du cylindre semblait le dernier mot de la machinerie. La chaudière était coupée de cloisons et pourvue de sa pompe de saumure. Les roues étaient très grandes, ce qui diminuait la perte de force, et la cheminée était très haute, ce qui augmentait le tirage du foyer ; mais la grandeur des roues donnait prise au flot et la hauteur de la cheminée donnait prise au vent. Aubes de bois, crochets de fer, moyeux de fonte, telles étaient les roues, bien construites et, chose qui étonne, pouvant se démonter. Il y avait toujours trois aubes immergées. La vitesse du centre des aubes ne surpassait que d' un sixième la vitesse du navire ; c' était là le défaut de ces roues. En outre, le manneton des manivelles était trop long, et le tiroir distribuait la vapeur dans le cylindre avec trop de frottement. Dans ces temps-là, cette machine semblait et était admirable. Cette machine avait été forgée en France à l' usine de fer de Bercy. Mess Lethierry l' avait un peu imaginée ; le mécanicien qui l' avait construite sur son épure était mort ; de sorte que cette machine était unique, et impossible à remplacer. Le dessinateur restait, mais le constructeur manquait. La machine avait coûté quarante mille francs. Lethierry avait construit lui-même la galiote sous la grande cale couverte qui est à côté de la première tour entre Saint-Pierre-Port et saint-Sampson. Il avait été à Brême acheter le bois. Il avait épuisé dans cette construction tout son savoir-faire de charpentier de marine, et l' on reconnaissait son talent au bordage dont les coutures étaient étroites et égales, et recouvertes de sarangousti, mastic de l' Inde meilleur que le brai. Le doublage était bien mailleté. Lethierry avait enduit la carène de gallegalle. Il avait, pour remédier à la rondeur de la coque, ajusté un boute-hors au beaupré, ce qui lui permettait d' ajouter à la civadière une fausse civadière. Le jour du lancement, il avait dit : me voilà à flot ! La galiote réussit en effet, on l' a vu. Par hasard ou exprès, elle avait été lancée un 14 juillet. Ce jour-là,
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Lethierry, debout sur le pont entre les deux tambours, regarda fixement la mer et lui cria : -c' est ton tour ! Les parisiens ont pris la Bastille ; maintenant nous te prenons, toi ! La galiote à Lethierry faisait une fois par semaine le voyage de Guernesey à Saint-Malo. Elle partait le mardi matin et revenait le vendredi soir, veille du marché qui est le samedi. Elle était d' un plus fort échantillon de bois que les plus grands sloops caboteurs de tout l' archipel, et, sa capacité étant en raison de sa dimension, un seul de ses voyages valait, pour l' apport et pour le rendement, quatre voyages d' un coutre ordinaire. De là de forts bénéfices. La réputation d' un navire dépend de son arrimage, et Lethierry était un admirable arrimeur. Quand il ne put plus travailler en mer lui-même, il dressa un matelot pour le remplacer comme arrimeur. Au bout de deux années, le bateau à vapeur rapportait net sept cent cinquante livres sterling par an, c' est-à-dire dix-huit mille francs. La livre sterling de Guernesey vaut vingt-quatre francs, celle d' Angleterre vingt-cinq et celle de Jersey vingt-six. Ces chinoiseries sont moins chinoises qu' elles n' en ont l' air ; les banques y trouvent leur compte.
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6 entrée de Lethierry dans la gloire. " la galiote " prospérait. Mess Lethierry voyait s' approcher le moment où il deviendrait monsieur. à Guernesey on n' est pas de plain-pied monsieur. Entre l' homme et le monsieur il y a toute une échelle à gravir ; d' abord, premier échelon, le nom tout sec, Pierre, je suppose ; puis, deuxième échelon, vésin (voisin) Pierre ; puis, troisième échelon, père Pierre ; puis, quatrième échelon, sieur Pierre ; puis, cinquième échelon, mess Pierre ; puis, sommet, monsieur Pierre. Cette échelle, qui sort de terre, se continue dans le bleu. Toute la hiérarchique Angleterre y entre et s' y étage. En voici les échelons, de plus en plus lumineux : au-dessus du monsieur gentleman , il y a l' esq. (écuyer), au-dessus de l' esq., le chevalier ( sir viager), puis, en s' élevant toujours, le baronet ( sir héréditaire), puis le lord, laird en écosse, puis le baron, puis le vicomte, puis le comte ( earl en Angleterre, jarl en Norvège), puis le marquis, puis le duc, puis le pair d' Angleterre, puis le prince du sang royal, puis le roi. Cette échelle monte du peuple à la bourgeoisie, de la bourgeoisie au baronetage, du baronetage à la pairie, de la pairie à la royauté. Grâce à son coup de tête réussi, grâce à la vapeur, grâce à sa machine, grâce au bateau-diable, mess Lethierry était devenu quelqu' un. Pour construire " la galiote " , il avait dû emprunter ; il s' était endetté à Brême, il s' était endetté à Saint-Malo ; mais chaque année il amortissait son passif. Il avait de plus acheté à crédit, à l' entrée même du port de saint-Sampson, une jolie maison de pierre, toute neuve, entre mer et jardin, sur l' encoignure de laquelle on lisait ce nom : les bravées. le logis les bravées, dont la devanture faisait partie de la muraille même du port, était remarquable par une double rangée de fenêtres, au nord, du côté d' un enclos plein de fleurs, au sud, du côté de l' océan ; de sorte que cette maison avait deux façades, l' une sur les tempêtes, l' autre sur les roses. Ces façades semblaient faites pour les deux habitants, mess Lethierry et miss Déruchette. La maison des bravées était populaire à saint-Sampson. Car mess Lethierry avait fini par être populaire. Cette popularité lui venait un peu de sa bonté, de son dévouement et de son courage, un peu de la quantité | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
Nombre de messages : 2205 Age : 32 Univers : Au centre du monde! Galaxie 5!!! Date d'inscription : 29/04/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Empereur Black Hole Points: Moins que Kyle et ça m'énerve Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Lun 11 Juin - 22:40 | |
| Je me suis mal exprimé: je voulais ne voulais pas dire: "ne me dis aps que y'en a encore plin après..." mais "ne me dis aps que toutes celles ki ya après tu vas les écrire..." Voilà! | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Lun 11 Juin - 23:11 | |
| a ben si c'est inutile donc je le fais ou peut etre je changerai de livre | |
| | | Kyle Allié
Nombre de messages : 146 Age : 33 Univers : Très loin dans la galaxie 7 Date d'inscription : 30/04/2007
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mar 12 Juin - 19:22 | |
| I wanna slit your throat and fuck the wound I wanna push my face in and feel the swoon I wanna dig inside, find a little bit of me Cuz the line gets crossed when you don't come clean
My wormwood meets your pesticide You'll never get out, coz you were never alive I am infinite, I am the infant finite Come a little closer and I'll show you why
(NO ONE IS - SAFE) Noises, noises, people make noises people make noises when they're sick Nothing to do except hold on to NOTHING
How does it feel to be locked inside another dream That never had a chance of being realized? What the fuck are you lookin' at? I'll tell you what you're lookin' at Everyone you ever fuckin' laughed at
Look in my eyes for the answers - typical I can feel it underneath like a miracle Everybody in the world needs more than Lies and consequences to poser them Once again, it's me and no one else I can't remember if there was a someone else It's not mine, it's not fair, it's outta my hands And it's shaking - you'll never take me
(NO ONE IS - SAFE) Noises, noises, people make noises People make noises when they're sick Nothing to do except hold on to NOTHING
NOTHING!
(HATE) Hate ain't enough to describe me (SCREAM) Somewhere between screaming and crying I'm not supposed to be here I'm not supoosed to be
(WHY) When do I get to know why? (BITTER) Bitter as the stink of when I try I'm not supposed to be here I'm not supposed to be Pull your hands away
I'm gone - goodbye - it's so depressing Withering away Take a look - inside - my soul is missing All I have is dead, so I'll take you with me Feel like I'm erased - so kill me just in case
(COVET) Everything around me's mine (STY) Can't see through the sties in my eyes I'm not supposed to be here I'm not supposed to be
(DOWN) Scratching and clawing all the way (STAY) You won't let me fucking stay I'm not supposed to be here I'm not supposed to be
(LIVE) Is there another way to live? (DIE) Cuz it's the only way to die I'm not supposed to be here I'm not supposed to be | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mar 12 Juin - 19:29 | |
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| | | lorkhor Invité
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mar 12 Juin - 21:00 | |
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| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Membre de la Black Hole Army Points: 201.859 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mar 12 Juin - 21:22 | |
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| | | BooT Membre Black Hole
Nombre de messages : 2660 Age : 23 Univers : 17 Date d'inscription : 01/05/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Membre Black Hole Points: 530 000 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mar 12 Juin - 21:58 | |
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| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Membre de la Black Hole Army Points: 201.859 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mar 12 Juin - 22:50 | |
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| | | Sturm Empereur à la retraite
Nombre de messages : 2205 Age : 32 Univers : Au centre du monde! Galaxie 5!!! Date d'inscription : 29/04/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Empereur Black Hole Points: Moins que Kyle et ça m'énerve Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mar 12 Juin - 23:26 | |
| Oui mais ça ça frise le message utile Kyle lol!!! Bon allez je dirais.... ben rien (j'ai rien qui me vient à dire en ce moment mdr) :p | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Membre de la Black Hole Army Points: 201.859 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mer 13 Juin - 9:52 | |
| a l'attaque !! | |
| | | Kyle Allié
Nombre de messages : 146 Age : 33 Univers : Très loin dans la galaxie 7 Date d'inscription : 30/04/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Consul Black Hole Points: 512 406 Type de jeu: mineur
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