Black Hole Army
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Rockin-Storm
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeSam 9 Juin - 13:15

ben oui !

p76

En somme, ce n' était qu' un pauvre homme sachant lire
et écrire. Il est probable qu' il était sur la limite
qui sépare le songeur du penseur. Le penseur veut,
le songeur subit. La solitude s' ajoute aux simples,
et les complique d' une certaine façon. Ils se
pénètrent à leur insu d' horreur sacrée. L' ombre où
était l' esprit de Gilliatt se composait, en quantité
presque égale, de deux éléments, obscurs tous deux,
mais bien différents : en lui, l' ignorance,
infirmité ; hors de lui, le mystère, immensité.
à force de grimper dans les rochers, d' escalader les
escarpements, d' aller et de venir dans l' archipel par
tous les temps, de manoeuvrer la première embarcation
venue, de se risquer jour et nuit dans les passes les
plus difficiles, il était devenu, sans en tirer parti
du reste, et pour sa fantaisie et son plaisir, un
homme de mer surprenant.
Il était pilote né. Le vrai pilote est le marin qui
navigue sur le fond plus encore que sur la surface.
La vague est un problème extérieur, continuellement
compliqué par la configuration sous-marine des lieux
où le navire fait route. Il semblait, à voir
Gilliatt voguer sur les bas-fonds et à travers les
récifs de l' archipel normand, qu' il eût sous la
voûte du crâne une carte du fond de la mer. Il
savait tout et bravait tout.
Il connaissait les balises mieux que les cormorans
qui s' y perchent. Les différences imperceptibles qui
distinguent l' une de l' autre les quatre balises
poteaux du creux, d' alligande, des trémies et de la
Sardrette étaient parfaitement nettes et claires pour
lui, même dans le brouillard. Il n' hésitait ni sur le
pieu à pomme ovale d' anfré, ni sur le triple fer de
lance de la rousse, ni sur la boule blanche de la
corbette, ni sur la boule noire de longue-pierre, et
il n' était pas à craindre qu' il confondît la croix de
goubeau avec l' épée plantée en terre de la platte,
ni la balise marteau des barbées avec la balise queue
d' aronde du moulinet.
Sa rare science de matelot éclata singulièrement un
jour qu' il y eut à Guernesey une de ces sortes de
joutes marines qu' on nomme régates. La question
était celle-ci : être seul dans une embarcation à
quatre voiles, la conduire de saint-Sampson à l' île
de Herm qui est à une lieue, et la ramener de Herm
à saint-Sampson. Manoeuvrer seul un bateau à quatre
voiles, il n' est pas de pêcheur qui ne fasse cela,
et la difficulté ne semble pas grande, mais voici ce
qui l' aggravait : premièrement, l' embarcation
elle-même, laquelle était une de ces larges et fortes
chaloupes ventrues d' autrefois, à la mode de
Rotterdam, que les marins du siècle dernier
appelaient des panses hollandaises . On rencontre
encore quelquefois en mer cet ancien gabarit de
Hollande, joufflu et plat, et ayant à bâbord et à
tribord deux ailes qui s' abattent, tantôt l' une,
tantôt l' autre, selon le vent, et remplacent la
quille. Deuxièmement, le retour de Herm ; retour
qui se compliquait

p77

d' un lourd lest de pierres. On allait à vide, mais on
revenait chargé. Le prix de la joute était la
chaloupe. Elle était d' avance donnée au vainqueur.
Cette panse avait servi de bateau-pilote ; le pilote
qui l' avait montée et conduite pendant vingt ans
était le plus robuste des marins de la Manche ; à sa
mort on n' avait trouvé personne pour gouverner la
panse, et l' on s' était décidé à en faire le prix d' une
régate. La panse, quoique non pontée, avait des
qualités, et pouvait tenter un manoeuvrier. Elle
était mâtée en avant, ce qui augmentait la puissance
de traction de la voilure. Autre avantage, le mât
ne gênait point le chargement. C' était une coque
solide ; pesante, mais vaste, et tenant bien le
large ; une vraie barque commère. Il y eut
empressement à se la disputer ; la joute était rude,
mais le prix était beau. Sept ou huit pêcheurs, les
plus vigoureux de l' île, se présentèrent. Ils
essayèrent tour à tour ; pas un ne put aller jusqu' à
Herm. Le dernier qui lutta était connu pour avoir
franchi à la rame par un gros temps le redoutable
étranglement de mer qui est entre Serk et
Brecq-Hou. Ruisselant de sueur, il ramena la panse
et dit : c' est impossible. Alors Gilliatt entra
dans la barque, empoigna d' abord l' aviron, ensuite
la grande écoute, et poussa au large. Puis, sans
bitter l' écoute, ce qui eût été une imprudence,
et sans la lâcher, ce qui le maintenait maître
de la grande voile, laissant l' écoute rouler sur
l' estrop au gré du vent, sans dériver, il saisit de
la main gauche la barre. En trois quarts d' heure,
il fut à Herm. Trois heures après, quoiqu' un fort
vent du sud se fût élevé et eût pris la rade en
travers, la panse, montée par Gilliatt, rentrait
à saint-Sampson avec le chargement de pierres. Il
avait, par luxe et bravade, ajouté au chargement le
petit canon de bronze de Herm, que les gens de
l' île tiraient tous les ans le 5 novembre en
réjouissance de la mort de Guy Fawkes.
Guy Fawkes, disons-le en passant, est mort il y a
deux cent soixante ans ; c' est là une longue joie.
Gilliatt, ainsi surchargé et surmené, quoiqu' il eût
de trop le canon de Guy Fawkes dans sa barque et
le vent du sud dans sa voile, ramena, on pourrait
presque dire rapporta, la panse à saint-Sampson.
Ce que voyant, mess Lethierry s' écria : voilà un
matelot hardi !
Et il tendit la main à Gilliatt.
Nous reparlerons de mess Lethierry.
La panse fut adjugée à Gilliatt.
Cette aventure ne nuisit pas à son surnom de malin.
Quelques personnes déclarèrent que la chose n' avait
rien d' étonnant, attendu que Gilliatt avait caché
dans le bateau une branche de mélier sauvage. Mais
cela ne put être prouvé.
à partir de ce jour, Gilliatt n' eut plus d' autre
embarcation que la panse.

p78

C' est dans cette lourde barque qu' il allait à la
pêche. Il l' amarrait dans le très bon petit
mouillage qu' il avait pour lui tout seul sous le mur
même de sa maison du bû de la rue. à la tombée de la
nuit, il jetait ses filets sur son dos, traversait
son jardin, enjambait le parapet de pierres sèches,
dégringolait d' une roche à l' autre, et sautait dans
la panse. De là au large.
Il pêchait beaucoup de poisson, mais on affirmait que
la branche de mélier était toujours attachée à son
bateau. Le mélier, c' est le néflier. Personne n' avait
vu cette branche, mais tout le monde y croyait.
Le poisson qu' il avait de trop, il ne le vendait pas,
il le donnait.
Les pauvres recevaient son poisson, mais lui en
voulaient pourtant, à cause de cette branche de
mélier. Cela ne se fait pas. On ne doit point
tricher la mer.
Il était pêcheur, mais il n' était pas que cela. Il
avait, d' instinct et pour se distraire, appris trois
ou quatre métiers. Il était menuisier, ferron,
charron, calfat, et même un peu mécanicien. Personne
ne raccommodait une roue comme lui. Il fabriquait dans
un genre à lui tous ses engins de pêche. Il avait
dans un coin du bû de la rue une petite forge et une
enclume, et, la panse n' ayant qu' une ancre, il lui
en avait fait, lui-même et lui seul, une seconde.
Cette ancre était excellente ; l' organeau avait la
force voulue, et Gilliatt, sans que personne le lui
eût enseigné, avait trouvé la dimension exacte que
doit avoir le jouail pour empêcher l' ancre de cabaner.
Il avait patiemment remplacé tous les clous du
bordage de la panse par des gournables, ce qui rendait
les trous de rouille impossibles.
De cette manière il avait beaucoup augmenté les
bonnes qualités de mer de la panse. Il en profitait
pour s' en aller de temps en temps passer un mois
ou deux dans quelque îlot solitaire comme chousey
ou les casquets. On disait : tiens, Gilliatt n' est
plus là. Cela ne faisait de peine à personne.

p79

7 à maison visionnée habitant visionnaire.
Gilliatt était l' homme du songe. De là ses audaces,
de là aussi ses timidités. Il avait ses idées à lui.
Peut-être y avait-il en Gilliatt de l' halluciné et
de l' illuminé. L' hallucination hante tout aussi bien
un paysan comme Martin qu' un roi comme Henri Iv.
L' inconnu fait parfois à l' esprit de l' homme des
surprises. Une brusque déchirure de l' ombre laisse
tout à coup voir l' invisible, puis se referme. Ces
visions sont quelquefois transfiguratrices ; elles
font d' un chamelier Mahomet et d' une chevrière
Jeanne D' Arc. La solitude dégage une certaine
quantité d' égarement sublime. C' est la fumée du
buisson ardent. Il en résulte un mystérieux
tremblement d' idées qui dilate le docteur en voyant
et le poëte en prophète ; il en résulte Horeb, le
Cédron, Ombos, les ivresses du laurier de Castalie
mâché, les révélations du mois busion ; il en résulte
Péleïa à Dodone, Phémonoë à Delphes, Trophonius
à Lébadée, Ezéchiel sur le Kébar, Jérôme dans la
Thébaïde. Le plus souvent, l' état visionnaire
accable l' homme, et le stupéfie. L' abrutissement
sacré existe. Le fakir a pour fardeau sa vision
comme le crétin son goître. Luther parlant aux
diables dans le grenier de Wittemberg, Pascal
masquant l' enfer avec le paravent de son cabinet,
l' obi nègre dialoguant avec le dieu Bossum à face
blanche, c' est le même phénomène, diversement porté
par les cerveaux qu' il traverse, selon leur force
et leur dimension. Luther et Pascal sont et restent
grands ; l' obi est imbécile.
Gilliatt n' était ni si haut, ni si bas. C' était un
pensif. Rien de plus.
Il voyait la nature un peu étrangement.
De ce qu' il lui était arrivé plusieurs fois de trouver
dans de l' eau de mer parfaitement limpide d' assez
gros animaux inattendus, de formes diverses, de
l' espèce méduse, qui, hors de l' eau, ressemblaient
à du cristal mou, et qui, rejetés dans l' eau, s' y
confondaient avec leur milieu, par l' identité de
diaphanéité et de couleur, au point d' y disparaître,
il concluait que, puisque des transparences vivantes
habitaient l' eau, d' autres transparences, également
vivantes, pouvaient bien habiter l' air. Les oiseaux
ne sont pas les habitants de l' air ; ils en sont les
amphibies. Gilliatt ne croyait pas à l' air désert.
Il disait : puisque la mer est remplie, pourquoi
l' atmosphère serait-elle

p80

vide ? Des créatures couleur d' air s' effaceraient
dans la lumière et échapperaient à notre regard ;
qui nous prouve qu' il n' y en a pas ? L' analogie
indique que l' air doit avoir ses poissons comme la
mer a les siens ; ces poissons de l' air seraient
diaphanes, bienfait de la prévoyance créatrice pour
nous comme pour eux ; laissant passer le jour à
travers leur forme et ne faisant point d' ombre et
n' ayant pas de silhouette, ils resteraient ignorés
de nous, et nous n' en pourrions rien saisir.
Gilliatt imaginait que si l' on pouvait mettre la
terre à sec d' atmosphère, et que si l' on pêchait
l' air comme on pêche un étang, on y trouverait une
foule d' êtres surprenants. Et, ajoutait-il dans sa
rêverie, bien des choses s' expliqueraient.
La rêverie, qui est la pensée à l' état de nébuleuse,
confine au sommeil, et s' en préoccupe comme de sa
frontière. L' air habité par des transparences vivantes,
ce serait le commencement de l' inconnu ; mais au delà
s' offre la vaste ouverture du possible. Là d' autres
êtres, là d' autres faits. Aucun surnaturalisme, mais
la continuation occulte de la nature infinie. Gilliatt,
dans ce désoeuvrement laborieux qui était son
existence, était un bizarre observateur. Il allait
jusqu' à observer le sommeil. Le sommeil est en
contact avec le possible, que nous nommons aussi
l' invraisemblable. Le monde nocturne est un monde.
La nuit, en tant que nuit, est un univers.
L' organisme matériel humain, sur lequel pèse une
colonne atmosphérique de quinze lieues de haut, est
fatigué le soir, il tombe de lassitude, il se
couche, il se repose ; les yeux de chair se
ferment ; alors dans cette tête assoupie, moins
inerte qu' on ne croit, d' autres yeux s' ouvrent ;
l' inconnu apparaît. Les choses sombres du monde
ignoré deviennent voisines de l' homme, soit qu' il y
ait communication véritable, soit que les lointains
de l' abîme aient un grossissement visionnaire ; il
semble que les vivants indistincts de l' espace
viennent nous regarder et qu' ils aient une curiosité
de nous, les vivants terrestres ; une création
fantôme monte ou descend vers nous et nous côtoie
dans un crépuscule ; devant notre contemplation
spectrale, une vie autre que la nôtre s' agrège et se
désagrège, composée de nous-mêmes et d' autre chose ;
et le dormeur, pas tout à fait voyant, pas tout à
fait inconscient, entrevoit ces animalités étranges,
ces végétations extraordinaires, ces lividités
terribles ou souriantes, ces larves, ces masques,
ces figures, ces hydres, ces confusions, ce clair de
lune sans lune, ces obscures décompositions du
prodige, ces croissances et ces décroissances dans
une épaisseur trouble, ces flottaisons de formes
dans les ténèbres, tout ce mystère que nous
appelons le songe et qui n' est autre chose que
l' approche d' une réalité invisible. Le rêve est
l' aquarium de la nuit.
Ainsi songeait Gilliatt.
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeSam 9 Juin - 13:17

Mdr t'es vraiment inutile!!!
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeSam 9 Juin - 13:23

mais c'est le but !!
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeSam 9 Juin - 13:29

Malheureusement...
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeSam 9 Juin - 13:34

"LoOoL"

p81

8 la chaise gild-holm-' ur.
Ce serait vainement qu' on chercherait aujourd' hui,
dans l' anse du houmet, la maison de Gilliatt, son
jardin, et la crique où il abritait la panse. Le
bû de la rue n' existe plus. La petite presqu' île qui
portait cette maison est tombée sous le pic des
démolisseurs de falaises et a été chargée, charretée
à charretée, sur les navires des brocanteurs de
rochers et des marchands de granit. Elle est devenue
quai, église et palais, dans la capitale. Toute cette
crête d' écueils est depuis longtemps partie pour
Londres.
Ces allongements de rochers dans la mer, avec leurs
crevasses et leurs dentelures, sont de vraies petites
chaînes de montagnes ; on a, en les voyant,
l' impression qu' aurait un géant regardant les
Cordillères. L' idiome local les appelle banques.
Ces banques ont des figures diverses. Les unes
ressemblent à une épine dorsale, chaque rocher est
une vertèbre ; les autres à une arête de poisson ;
les autres à un crocodile qui boit.
à l' extrémité de la banque du bû de la rue, il y
avait une grande roche que les pêcheurs du Houmet
appelaient la corne de la bête. Cette roche, sorte
de pyramide, ressemblait, quoique moins élevée, au
pinacle de Jersey. à marée haute, le flot la
séparait de la banque, et la corne était isolée. à
marée basse, on y arrivait par un isthme de roches
praticables. La curiosité de ce rocher, c' était,
du côté de la mer, une sorte de chaise naturelle
creusée par la vague et polie par la pluie. Cette
chaise était traître. On y était insensiblement
amené par la beauté de la vue ; on s' y arrêtait
" pour l' amour du prospect " , comme on dit à
Guernesey ; quelque chose vous retenait ; il y a
un charme dans les grands horizons. Cette chaise
s' offrait ; elle faisait une sorte de niche dans la
façade à pic du rocher ; grimper à cette niche était
facile ; la mer qui l' avait taillée dans le roc avait
étagé au-dessous et commodément disposé une sorte
d' escalier de pierres plates ; l' abîme a de ces
prévenances, défiez-vous de ses politesses ; la
chaise tentait, on y montait, on s' y asseyait ; là
on était à l' aise ; pour siège le granit usé et
arrondi par l' écume, pour accoudoirs deux
anfractuosités qui semblaient faites exprès, pour
dossier toute la haute muraille verticale du rocher
qu' on admirait au-dessus de sa tête sans penser à se
dire qu' il serait impossible de l' escalader ; rien
de plus simple que de s' oublier dans ce fauteuil ;
on découvrait

p82

toute la mer, on voyait au loin les navires arriver
ou s' en aller, on pouvait suivre des yeux une voile
jusqu' à ce qu' elle s' enfonçât au delà des casquets
sous la rondeur de l' océan, on s' émerveillait, on
regardait, on jouissait, on sentait la caresse de
la brise et du flot ; il existe à Cayenne un
vespertilio, sachant ce qu' il fait, qui vous endort
dans l' ombre avec un doux et ténébreux battement
d' ailes ; le vent est cette chauve-souris invisible ;
quand il n' est pas ravageur, il est endormeur. On
contemplait la mer, on écoutait le vent, on se
sentait gagner par l' assoupissement de l' extase.
Quand les yeux sont remplis d' un excès de beauté et
de lumière, c' est une volupté de les fermer. Tout à
coup on se réveillait. Il était trop tard. La marée
avait grossi peu à peu. L' eau enveloppait le rocher.
On était perdu.
Redoutable blocus que celui-ci : la mer montante.
La marée croît insensiblement d' abord, puis
violemment. Arrivée aux rochers, la colère la prend,
elle écume. Nager ne réussit pas toujours dans les
brisants. D' excellents nageurs s' étaient noyés à la
corne du bû de la rue.
En de certains lieux, à de certaines heures, regarder
la mer est un poison. C' est comme, quelquefois,
regarder une femme.
Les très anciens habitants de Guernesey appelaient
jadis cette niche façonnée dans le roc par le flot la
chaise gild-holm-' ur, ou kidormur . Mot celte,
dit-on, que ceux qui savent le celte ne comprennent
pas et que ceux qui savent le français comprennent.
qui-dort-meurt. telle est la traduction paysanne.
On est libre de choisir entre cette traduction,
qui-dort-meurt, et la traduction donnée en 1819,
je crois, dans l' armoricain , par M Athénas.
Selon cet honorable celtisant, gild-holm-' ur
signifierait halte-de-troupes-d' oiseaux .
Il existe à Aurigny une autre chaise de ce genre,
qu' on nomme la chaise-au-moine, si bien confectionnée
par le flot, et avec une saillie de roche ajustée si
à propos, qu' on pourrait dire que la mer a la
complaisance de vous mettre un tabouret sous les pieds.
Au plein de la mer, à la marée haute, on n' apercevait
plus la chaise gild-holm-' ur. L' eau la couvrait
entièrement.
La chaise gild-holm-' ur était la voisine du bû de la
rue. Gilliatt la connaissait et s' y asseyait. Il
venait souvent là. Méditait-il ? Non. Nous venons de
le dire, il songeait. Il ne se laissait pas
surprendre par la marée.


P 1 L 2 MESS LETHIERRY


p83

1 vie agitée et conscience tranquille.
Mess Lethierry, l' homme notable de saint-Sampson,
était un matelot terrible. Il avait beaucoup
navigué. Il avait été mousse, voilier, gabier,
timonier, contre-maître, maître d' équipage, pilote,
patron. Il était maintenant armateur. Il n' y avait
pas un autre homme comme lui pour savoir la mer.
Il était intrépide aux sauvetages. Dans les gros temps
il s' en allait le long de la grève, regardant à
l' horizon. Qu' est-ce que c' est que ça là-bas ? Il y
a quelqu' un en peine. C' est un chasse-marée de
Weymouth, c' est un coutre d' Aurigny, c' est une
bisquine de Courseulle, c' est le yacht d' un lord,
c' est un anglais, c' est un français, c' est un
pauvre, c' est un riche, c' est le diable, n' importe,
il sautait dans une barque, appelait deux ou trois
vaillants hommes, s' en passait au besoin, faisait
l' équipe à lui tout seul, détachait l' amarre,
prenait la rame, poussait en haute mer, montait et
descendait et remontait dans les creux du flot,
plongeait dans l' ouragan, allait au danger. On le
voyait ainsi de loin dans la rafale, debout sur
l' embarcation, ruisselant de pluie, mêlé aux
éclairs, avec la face d' un lion qui aurait une
crinière d' écume. Il passait quelquefois ainsi toute
sa journée dans le risque, dans la vague, dans la
grêle, dans le vent, accostant les navires en
perdition, sauvant les hommes, sauvant les
chargements, cherchant dispute à la tempête. Le soir
il rentrait chez lui et tricotait une paire de bas.
Il mena cette vie cinquante ans, de dix ans à
soixante, tant qu' il fut jeune. à soixante ans il
s' aperçut qu' il ne levait plus d' un seul bras
l' enclume de la forge du varclin ; cette enclume
pesait trois cents livres ; et tout à coup il fut
fait prisonnier par les rhumatismes. Il lui fallut
renoncer à la mer. Alors il passa de l' âge héroïque
à l' âge patriarcal. Ce ne fut plus qu' un bonhomme.

p84

Il était arrivé en même temps aux rhumatismes et à
l' aisance. Ces deux produits du travail se tiennent
volontiers compagnie. Au moment où l' on devient
riche, on est paralysé. Cela couronne la vie.
On se dit : jouissons maintenant.
Dans les îles comme Guernesey, la population est
composée d' hommes qui ont passé leur vie à faire le
tour de leur champ et d' hommes qui ont passé leur vie
à faire le tour du monde. Ce sont les deux sortes de
laboureurs, ceux-ci de la terre, ceux-là de la mer.
Mess Lethierry était des derniers. Pourtant il
connaissait la terre. Il avait eu une forte vie de
travailleur. Il avait voyagé sur le continent. Il
avait été quelque temps charpentier de navire à
Rochefort, puis à Cette. Nous venons de parler du
tour du monde ; il avait accompli son tour de France
comme compagnon dans la charpenterie. Il avait
travaillé aux appareils d' épuisement des salines de
Franche-Comté. Cet honnête homme avait eu une vie
d' aventurier. En France il avait appris à lire, à
penser, à vouloir. Il avait fait de tout, et de tout
ce qu' il avait fait il avait extrait la probité. Le
fond de sa nature, c' était le matelot. L' eau lui
appartenait. Il disait : les poissons sont chez moi.
En somme toute son existence, à deux ou trois années
près, avait été donnée à l' océan ; jetée à l' eau,
disait-il. Il avait navigué dans les grandes mers,
dans l' Atlantique et dans le Pacifique, mais il
préférait la Manche. Il s' écriait avec amour :
c' est celle-là qui est rude ! il y était né et
voulait y mourir. Après avoir fait un ou deux tours
du monde, sachant à quoi s' en tenir, il était revenu
à Guernesey, et n' en avait plus bougé. Ses voyages
désormais étaient Granville et Saint-Malo.
Mess Lethierry était guernesiais, c' est-à-dire
normand, c' est-à-dire anglais, c' est-à-dire français.
Il avait en lui cette patrie quadruple, immergée et
comme noyée dans sa grande patrie l' océan. Toute sa
vie et partout, il avait gardé ses moeurs de pêcheur
normand.
Cela ne l' empêchait point d' ouvrir un bouquin dans
l' occasion, de se plaire à un livre, de savoir des
noms de philosophes et de poëtes, et de baragouiner
un peu toutes les langues.

p85

2 un goût qu' il avait.
Gilliatt était un sauvage. Mess Lethierry en était
un autre.
Ce sauvage avait ses élégances.
Il était difficile pour les mains des femmes. Dans sa
jeunesse, presque enfant encore, étant entre matelot
et mousse, il avait entendu le bailli De Suffren
s' écrier : voilà une jolie fille, mais quelles
grandes diables de mains rouges ! un mot
d' amiral, en toute matière, commande. Au-dessus d' un
oracle, il y a une consigne. L' exclamation du bailli
De Suffren avait rendu Lethierry délicat, et
exigeant en fait de petites mains blanches. Sa main
à lui, large spatule couleur acajou, était massue pour
la légèreté et tenaille pour la caresse, et cassait
un pavé en tombant dessus, fermée.
Il ne s' était jamais marié. Il n' avait pas voulu ou
pas trouvé. Cela tenait peut-être à ce que ce
matelot prétendait à des mains de duchesse. On ne
rencontre guère de ces mains-là dans les pêcheuses de
Portbail.
On racontait pourtant qu' à Rochefort en Charente,
il avait jadis fait la trouvaille d' une grisette
réalisant son idéal. C' était une jolie fille ayant de
jolies mains. Elle médisait et égratignait. Il ne
fallait point s' attaquer à elle. Griffes au besoin,
et d' une propreté exquise, ses ongles étaient sans
reproche et sans peur. Ces charmants ongles avaient
enchanté Lethierry, puis l' avaient inquiété ; et,
craignant de ne pas être un jour le maître de sa
maîtresse, il s' était décidé à ne point mener
par-devant monsieur le maire cette amourette.
Une autre fois, à Aurigny, une fille lui avait plu.
Il songeait aux épousailles, quand un habitant lui
dit : je vous fais mon compliment. Vous aurez là
une bonne bouselière. il se fit expliquer l' éloge.
à Aurigny, on a une mode. On prend de la bouse de
vache et on la jette contre les murs. Il y a une
manière de la jeter. Quand elle est sèche, elle
tombe, et l' on se chauffe avec cela. On appelle ces
bouses sèches des coipiaux . On n' épouse une fille
que si elle est bonne bouselière. Ce talent mit
Lethierry en fuite.
Du reste il avait, en matière d' amour, ou d' amourette,
une bonne grosse philosophie paysanne, une sagesse de
matelot toujours pris, jamais enchaîné, et il se
vantait de s' être, dans sa jeunesse, aisément laissé
vaincre par le " cotillon " . Ce qu' on nomme
aujourd' hui une crinoline, on l' appelait alors un
cotillon. Cela signifie plus et moins qu' une femme.

p86

Ces rudes marins de l' archipel normand ont de l' esprit.
Presque tous savent lire et lisent. On voit le
dimanche de petits mousses de huit ans assis sur un
rouleau de cordages un livre à la main. De tout temps
ces marins normands ont été sardoniques, et ont,
comme on dit aujourd' hui, fait des mots. Ce fut l' un
d' eux, le hardi pilote Quéripel, qui jeta à
Montgomery, réfugié à Jersey après son
malencontreux coup de lance à Henri Ii, cette
apostrophe : tête folle a cassé tête vide. c' est
un autre, Touzeau, patron à saint-Brelade, qui a
fait ce calembour philosophique, attribué à tort à
l' évêque Camus : après la mort les papes deviennent
papillons et les sires deviennent cirons.
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lorkhor
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeSam 9 Juin - 23:10

je voulait alé de 1 à 100 mais c tro long snif
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeDim 10 Juin - 15:10

oui c'est pareil pour moi j'ai pas pu mettre le bouquin en entier donc par étapes !!

p87

3 la vieille langue de mer.
Ces marins des channel islands sont de vrais vieux
gaulois. Ces îles, qui aujourd' hui s' anglaisent
rapidement, sont restées longtemps autochthones.
Le paysan de Serk parle la langue de Louis Xiv.
Il y a quarante ans, on retrouvait dans la bouche
des matelots de Jersey et d' Aurigny l' idiome
marin classique. On se fût cru en pleine marine du
xviie siècle. Un archéologue spécialiste eût pu venir
étudier là l' antique patois de manoeuvre et de
bataille rugi par Jean Bart dans ce porte-voix qui
terrifiait l' amiral Hidde. Le vocabulaire maritime
de nos pères, presque entièrement renouvelé
aujourd' hui, était encore usité à Guernesey vers
1820. Un navire qui tient bien le vent était " bon
boulinier " ; un navire qui se range au vent presque
de lui-même, malgré ses voiles d' avant et son
gouvernail, était un " vaisseau ardent " . Entrer en
mouvement, c' était " prendre aire " ; mettre à la
cape, c' était " capeyer " ; amarrer le bout d' une
manoeuvre courante, c' était " faire dormant " ; prendre
le vent dessus, c' était " faire chapelle " ; tenir bon
sur le câble, c' était " faire teste " ; être en
désordre à bord, c' était " être en pantenne " ; avoir
le vent dans les voiles, c' était " porter-plain " .
Rien de tout cela ne se dit plus. Aujourd' hui on dit :
louvoyer, alors on disait : leauvoyer ; on
dit : naviguer, on disait : naviger ; on dit :
virer vent devant, on disait : donner vent
devant ; on dit : aller de l' avant, on disait :
tailler de l' avant ; on dit : tirez d' accord,
on disait : halez d' accord ; on dit : dérapez,
on disait : déplantez ; on dit : embraquez,
on disait : abraquez ; on dit : taquets, on
disait : bittons ; on dit : burins, on
disait : tappes ; on dit : balancines, on
disait : valancines ; on dit : tribord, on
disait : stribord ; on dit : les hommes de quart
à bâbord, on disait : les basbourdis.
Tourville écrivait à Hocquincourt : nous avons
singlé. au lieu de " la rafale " , le raffal ;
au lieu de " bossoir " , boussoir ; au lieu de
" drosse " , drousse ; au lieu de " loffer " , faire
une olofée ; au lieu de " élonger " , alonger ;
au lieu de " forte brise " , survent ; au lieu de
" jouail " , jas ; au lieu de " soute " , fosse ;
telle était, au commencement de ce siècle, la langue
de bord des îles de la Manche. En entendant parler
un pilote jersiais, Ango eût été ému. Tandis que
partout les voiles faseyaient , aux îles de la
Manche elles barbeyaient . Une saute-de-vent
était une " folle-vente " . On n' employait plus que là
les deux modes gothiques

p88

d' amarrage, la valture et la portugaise.
On n' entendait plus que là les vieux commandements :
tour-et-choque ! -bosse et bitte ! - un matelot
de Granville disait déjà le clan , qu' un matelot
de Saint-Aubin ou de saint-Sampson disait encore
le canal de pouliot . Ce qui était bout
d' alonge à Saint-Malo, était à Saint-Hélier
oreille d' âne . Mess Lethierry, absolument
comme le duc De Vivonne, appelait la courbure
concave des ponts la tonture et le ciseau du
calfat la patarasse . C' est avec ce bizarre
idiome entre les dents que Duquesne battit Ruyter,
que Duguay-Trouin battit Wasnaer, et que Tourville
en 1681 embossa en plein jour la première galère qui
bombarda Alger. Aujourd' hui, c' est une langue morte.
L' argot de la mer est actuellement tout autre.
Duperré ne comprendrait pas Suffren.
La langue des signaux ne s' est pas moins transformée ;
et il y a loin des quatre flammes, rouge, blanche,
bleue et jaune de La Bourdonnais aux dix-huit
pavillons d' aujourd' hui qui, arborés deux par deux,
trois par trois, et quatre par quatre, offrent aux
besoins de la communication lointaine soixante-dix
mille combinaisons, ne restent jamais court, et,
pour ainsi dire, prévoient l' imprévu.

p89

4 on est vulnérable dans ce qu' on aime.
Mess Lethierry avait le coeur sur la main ; une
large main et un grand coeur. Son défaut, c' était
cette admirable qualité, la confiance. Il avait une
façon à lui de prendre un engagement ; c' était
solennel ; il disait : j' en donne ma parole
d' honneur au bon Dieu. cela dit, il allait
jusqu' au bout. Il croyait au bon Dieu, pas au reste.
Le peu qu' il allait aux églises était politesse. En
mer, il était superstitieux.
Pourtant jamais un gros temps ne l' avait fait
reculer ; cela tenait à ce qu' il était peu accessible
à la contradiction. Il ne la tolérait pas plus de
l' océan que d' un autre. Il entendait être obéi ;
tant pis pour la mer si elle résistait ; il fallait
qu' elle en prît son parti. Mess Lethierry ne cédait
point. Une vague qui se cabre, pas plus qu' un voisin
qui dispute, ne réussissait à l' arrêter. Ce qu' il
disait était dit, ce qu' il projetait était fait. Il
ne se courbait ni devant une objection, ni devant une
tempête. non , pour lui, n' existait pas ; ni dans
la bouche d' un homme, ni dans le grondement d' un
nuage. Il passait outre. Il ne permettait point qu' on
le refusât. De là son entêtement dans la vie et son
intrépidité sur l' océan.
Il assaisonnait volontiers lui-même sa soupe au
poisson, sachant la dose de poivre et de sel et les
herbes qu' il fallait, et se régalait autant de la
faire que de la manger. Un être qu' un suroît
transfigure et qu' une redingote abrutit, qui
ressemble, les cheveux au vent, à Jean Bart, et,
en chapeau rond, à Jocrisse, gauche à la ville,
étrange et redoutable à la mer, un dos de
portefaix, point de jurons, très rarement de la
colère, un petit accent très doux qui devient
tonnerre dans un porte-voix, un paysan qui a lu
l' encyclopédie, un guernesiais qui a vu la révolution,
un ignorant très savant, aucune bigoterie, mais toutes
sortes de visions, plus de foi à la dame blanche qu' à
la sainte Vierge, la force de Polyphème, la volonté
de Christophe Colomb, la logique de la girouette,
quelque chose d' un taureau et quelque chose d' un
enfant, un nez presque camard, des joues puissantes,
une bouche qui a toutes ses dents, un froncement
partout sur la figure, une face qui semble avoir été
tripotée par la vague et sur laquelle la rose des
vents a tourné pendant quarante ans, un air d' orage
sur le front, une

p90

carnation de roche en pleine mer ; et maintenant
mettez dans ce visage dur un regard bon, vous aurez
mess Lethierry.
Mess Lethierry avait deux amours : Durande et
Déruchette.
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lorkhor
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeDim 10 Juin - 18:21

sa aurait été marant un message de 25 page environt



(et encore....)
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeDim 10 Juin - 18:23

et encore... ouais peut etre 50 page !!

p91

1 babil et fumée.
Le corps humain pourrait bien n' être qu' une apparence.
Il cache notre réalité. Il s' épaissit sur notre
lumière ou sur notre ombre. La réalité c' est l' âme.
à parler absolument, notre visage est un masque. Le
vrai homme, c' est ce qui est sous l' homme. Si l' on
apercevait cet homme-là, tapi ou abrité derrière cette
illusion qu' on nomme la chair, on aurait plus d' une
surprise. L' erreur commune, c' est de prendre l' être
extérieur pour l' être réel. Telle fille, par
exemple, si on la voyait ce qu' elle est, apparaîtrait
oiseau.
Un oiseau qui a la forme d' une fille, quoi de plus
exquis ! Figurez-vous que vous l' avez chez vous. Ce
sera Déruchette. Le délicieux être ! On serait
tenté de lui dire : bonjour, mademoiselle la
bergeronnette. On ne voit pas les ailes, mais on
entend le gazouillement. Par instants, elle chante.
Par le babil, c' est au-dessous de l' homme ; par le
chant, c' est au-dessus. Il y a le mystère dans ce
chant ; une vierge est une enveloppe d' ange. Quand
la femme se fait, l' ange s' en va ; mais plus tard,
il revient, apportant une petite âme à la mère. En
attendant la vie, celle qui sera mère un jour est très
longtemps un enfant, la petite fille persiste dans la
jeune fille, et c' est une fauvette. On pense en la
voyant : qu' elle est aimable de ne pas s' envoler !
Le doux être familier prend ses aises dans la maison,
de branche en branche, c' est-à-dire de chambre en
chambre, entre, sort, s' approche, s' éloigne, lisse
ses plumes ou peigne ses cheveux, fait toutes sortes
de petits bruits délicats, murmure on ne sait quoi
d' ineffable à vos oreilles. Il questionne, on lui
répond ; on l' interroge, il gazouille. On jase avec
lui. Jaser, cela délasse de parler. Cet être a du
ciel en lui. C' est une pensée bleue mêlée à votre
pensée noire. Vous lui savez gré d' être si léger,
si fuyant, si échappant, si peu

p92

saisissable, et d' avoir la bonté de ne pas être
invisible, lui qui pourrait, ce semble, être
impalpable. Ici-bas, le joli, c' est le nécessaire.
Il y a sur la terre peu de fonctions plus
importantes que celle-ci : être charmant. La forêt
serait au désespoir sans le colibri. Dégager de la
joie, rayonner du bonheur, avoir parmi les choses
sombres une exsudation de lumière, être la dorure
du destin, être l' harmonie, être la grâce, être la
gentillesse, c' est vous rendre service. La beauté me
fait du bien en étant belle. Telle créature a cette
féerie d' être pour tout ce qui l' entoure un
enchantement ; quelquefois elle n' en sait rien
elle-même, ce n' en est que plus souverain ; sa
présence éclaire, son approche réchauffe ; elle passe,
on est content, elle s' arrête, on est heureux ; la
regarder, c' est vivre ; elle est de l' aurore ayant la
figure humaine ; elle ne fait pas autre chose que
d' être là, cela suffit, elle édénise la maison, il
lui sort par tous les pores un paradis ; cette
extase, elle la distribue à tous sans se donner
d' autre peine que de respirer à côté d' eux. Avoir
un sourire qui, on ne sait comment, diminue le poids
de la chaîne énorme traînée en commun par tous les
vivants, que voulez-vous que je vous dise, c' est
divin. Ce sourire, Déruchette l' avait. Disons plus,
Déruchette était ce sourire. Il y a quelque chose
qui nous ressemble plus que notre visage, c' est notre
physionomie ; il y a quelque chose qui nous
ressemble plus que notre physionomie, c' est notre
sourire. Déruchette souriant, c' était Déruchette.
C' est un sang particulièrement attrayant que celui
de Jersey et de Guernesey. Les femmes, les filles
surtout, sont d' une beauté fleurie et candide. C' est
la blancheur saxonne et la fraîcheur normande
combinées. Des joues roses et des regards bleus. Il
manque à ces regards l' étoile. L' éducation anglaise
les amortit. Ces yeux limpides seront irrésistibles
le jour où la profondeur parisienne y apparaîtra.
Paris, heureusement, n' a pas encore fait son entrée
dans les anglaises. Déruchette n' était pas une
parisienne, mais n' était pas non plus une guernesiaise.
Elle était née à Saint-Pierre-Port, mais mess
Lethierry l' avait élevée. Il l' avait élevée pour
être mignonne ; elle l' était.
Déruchette avait le regard indolent, et agressif
sans le savoir. Elle ne connaissait peut-être pas
le sens du mot amour, et elle rendait volontiers les
gens amoureux d' elle. Mais sans mauvaise intention.
Elle ne songeait à aucun mariage. Le vieux
gentilhomme émigré qui avait pris racine à
saint-Sampson disait : cette petite fait de la
flirtation à poudre.
Déruchette avait les plus jolies petites mains du
monde et des pieds assortis aux mains, quatre
pattes de mouche, disait mess Lethierry. Elle
avait dans toute sa personne la bonté et la douceur,
pour famille et pour richesse mess Lethierry, son
oncle, pour travail de se laisser vivre, pour talent

p93

quelques chansons, pour science la beauté, pour esprit
l' innocence, pour coeur l' ignorance ; elle avait la
gracieuse paresse créole, mêlée d' étourderie et de
vivacité, la gaîté taquine de l' enfance avec une
pente à la mélancolie, des toilettes un peu
insulaires, élégantes, mais incorrectes, des
chapeaux de fleurs toute l' année, le front naïf,
le cou souple et tentant, les cheveux châtains, la
peau blanche avec quelques taches de rousseur l' été,
la bouche grande et saine, et sur cette bouche
l' adorable et dangereuse clarté du sourire. C' était
là Déruchette.
Quelquefois, le soir, après le soleil couché, au
moment où la nuit se mêle à la mer, à l' heure où le
crépuscule donne une sorte d' épouvante aux vagues,
on voyait entrer dans le goulet de saint-Sampson,
sur le soulèvement sinistre des flots, on ne sait
quelle masse informe, une silhouette monstrueuse qui
sifflait et crachait, une chose horrible qui râlait
comme une bête et qui fumait comme un volcan, une
espèce d' hydre bavant dans l' écume et traînant un
brouillard, et se ruant vers la ville avec un
effrayant battement de nageoires et une gueule d' où
sortait de la flamme. C' était Durande.

p94

2 histoire éternelle de l' utopie.
C' était une prodigieuse nouveauté qu' un bateau à
vapeur dans les eaux de la Manche en 182... toute
la côte normande en fut longtemps effarée.
Aujourd' hui dix ou douze steamers se croisant en
sens inverse sur un horizon de mer ne font lever les
yeux à personne ; tout au plus occupent-ils un
moment le connaisseur spécial qui distingue à la
couleur de leur fumée que celui-ci brûle du charbon
de Wales et celui-là du charbon de Newcastle. Ils
passent, c' est bien. Wellcome, s' ils arrivent. Bon
voyage, s' ils partent.
On était moins calme à l' endroit de ces inventions-là
dans le premier quart de ce siècle, et ces mécaniques
et leur fumée étaient particulièrement mal vues chez
les insulaires de la Manche. Dans cet archipel
puritain, où la reine d' Angleterre a été blâmée de
violer la bible en accouchant par le chloroforme,
le bateau à vapeur eut pour premier succès d' être
baptisé le bateau-diable (devil-boat). à ces
bons pêcheurs d' alors, jadis catholiques, désormais
calvinistes, toujours bigots, cela sembla être de
l' enfer qui flottait. Un prédicateur local traita
cette question : a-t-on le droit de faire
travailler ensemble l' eau et le feu que Dieu a
séparés ? cette bête de feu et de fer ne
ressemblait-elle pas à léviathan ? N' était-ce pas
refaire, dans la mesure humaine, le chaos ? Ce
n' est pas la première fois que l' ascension du progrès
est qualifiée retour au chaos.
idée folle, erreur grossière, absurdité ; tel
avait été le verdict de l' académie des sciences
consultée, au commencement de ce siècle, sur le
bateau à vapeur par Napoléon ; les pêcheurs de
saint-Sampson sont excusables de n' être, en matière
scientifique, qu' au niveau des géomètres de Paris,
et, en matière religieuse, une petite île comme
Guernesey n' est pas forcée d' avoir plus de lumières
qu' un grand continent comme l' Amérique. En 1807,
quand le premier bateau de Fulton, patronné par
Livingstone, pourvu de la machine de Watt envoyée
d' Angleterre, et monté, outre l' équipage, par deux
français seulement, André Michaux et un autre, quand
ce premier bateau à vapeur fit son premier voyage de
New-York à Albany, le hasard fit que ce fut le

p95

17 août. Sur ce, le méthodisme prit la parole, et
dans toutes les chapelles les prédicateurs maudirent
cette machine, déclarant que ce nombre dix-sept
était le total des dix antennes et des sept têtes
de la bête de l' apocalypse. En Amérique on invoquait
contre le navire à vapeur la bête de l' apocalypse et
en Europe la bête de la genèse. Là était toute la
différence.
Les savants avaient rejeté le bateau à vapeur comme
impossible ; les prêtres à leur tour le rejetaient
comme impie. La science avait condamné, la religion
damnait. Fulton était une variété de Lucifer. Les
gens simples des côtes et des campagnes adhéraient à
la réprobation par le malaise que leur donnait
cette nouveauté. En présence du bateau à vapeur, le
point de vue religieux était ceci : -l' eau et le
feu sont un divorce. Ce divorce est ordonné de Dieu.
On ne doit pas désunir ce que Dieu a uni ; on ne
doit pas unir ce qu' il a désuni. -le point de vue
paysan était ceci : ça me fait peur.
Pour oser à cette époque lointaine une telle
entreprise, un bateau à vapeur allant de Guernesey
à Saint-Malo, il ne fallait rien moins que mess
Lethierry. Lui seul pouvait la concevoir comme
libre penseur, et la réaliser comme hardi marin.
Son côté français eut l' idée, son côté anglais
l' exécuta.
à quelle occasion ? Disons-le.
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeDim 10 Juin - 21:13

Mais en plus vous avez vu ce que c'est?
C'est trop con comme truc! mdr
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeDim 10 Juin - 22:58

oui je sais ce que c'est : c'est les travailleurs de la mer de Victor Hugo, très beau livre que je conseil à toute âme philosophique soit-elle !

p96

3 Rantaine.
Quarante ans environ avant l' époque où se passent
les faits que nous racontons ici, il y avait dans la
banlieue de Paris, près du mur de ronde, entre la
fosse-aux-loups et la tombe-issoire, un logis
suspect. C' était une masure isolée, coupe-gorge au
besoin. Là demeurait avec sa femme et son enfant une
espèce de bourgeois bandit, ancien clerc de procureur
au Châtelet, devenu voleur tout net. Il figura plus
tard en cour d' assises. Cette famille s' appelait les
Rantaine. On voyait dans la masure sur une commode
d' acajou deux tasses en porcelaine fleurie ; on lisait
en lettres dorées sur l' une : souvenir d' amitié,
et sur l' autre : don d' estime. l' enfant était dans
le bouge pêle-mêle avec le crime. Le père et la mère
ayant été de la demi-bourgeoisie, l' enfant apprenait
à lire ; on l' élevait. La mère, pâle, presque en
guenilles, donnait machinalement " de l' éducation " à
son petit, le faisait épeler, et s' interrompait pour
aider son mari à quelque guet-apens, ou pour se
prostituer à un passant. Pendant ce temps-là, la
croix de Jésus, ouverte à l' endroit où on l' avait
quittée, restait sur la table, et l' enfant auprès,
rêveur.
Le père et la mère, saisis dans quelque flagrant
délit, disparurent dans la nuit pénale. L' enfant
disparut aussi.
Lethierry dans ses courses rencontra un aventurier
comme lui, le tira d' on ne sait quel mauvais pas,
lui rendit service, lui en fut reconnaissant, le prit
en gré, le ramassa, l' amena à Guernesey, le trouva
intelligent au cabotage, et en fit son associé. C' était
le petit Rantaine devenu grand.
Rantaine, comme Lethierry, avait une nuque robuste,
une large et puissante marge à porter des fardeaux
entre les deux épaules, et des reins d' Hercule
Farnèse. Lethierry et lui, c' était la même
allure et la même encolure ; Rantaine était de plus
haute taille. Qui les voyait de dos se promener côte
à côte sur le port, disait : voilà les deux frères.
De face, c' était autre chose. Tout ce qui était
ouvert chez Lethierry était fermé chez Rantaine.
Rantaine était circonspect. Rantaine était maître
d' armes, jouait de l' harmonica, mouchait une
chandelle d' une balle à vingt pas, avait un coup de
poing magnifique, récitait des vers de la henriade
et devinait les songes. Il savait par coeur
les tombeaux de saint-Denis, par Treneuil. Il
disait avoir été lié avec le sultan de Calicut
que les portugais appellent le zamorin . Si l' on
eût pu feuilleter

p97

le petit agenda qu' il avait sur lui, on y eût
trouvé, entre autres notes, des mentions du genre de
celle-ci : " à Lyon, dans une des fissures du mur
d' un des cachots de saint-Joseph, il y a une lime
cachée " . Il parlait avec une sage lenteur. Il se
disait fils d' un chevalier de Saint-Louis. Son
linge était dépareillé et marqué à des lettres
différentes. Personne n' était plus chatouilleux que
lui sur le point d' honneur ; il se battait et tuait.
Il avait dans le regard quelque chose d' une mère
d' actrice.
La force servant d' enveloppe à la ruse, c' était là
Rantaine.
La beauté de son coup de poing, appliquée dans une
foire sur une cabeza de moro , avait gagné jadis
le coeur de Lethierry.
On ignorait pleinement à Guernesey ses aventures.
Elles étaient bigarrées. Si les destinées ont un
vestiaire, la destinée de Rantaine devait être vêtue
en arlequin. Il avait vu le monde et fait la vie.
C' était un circumnavigateur. Ses métiers étaient une
gamme. Il avait été cuisinier à Madagascar, éleveur
d' oiseaux à Sumatra, général à Honolulu, journaliste
religieux aux îles Gallapagos, poëte à
Oomrawuttee, franc-maçon à Haïti. Il avait prononcé
en cette dernière qualité au Grand-Goâve une oraison
funèbre dont les journaux locaux ont conservé ce
fragment : " ... adieu donc, belle âme ! Dans la voûte
azurée des cieux où tu prends maintenant ton vol, tu
rencontreras sans doute le bon abbé Léandre
Crameau du Petit-Goâve. Dis-lui que, grâce à dix
années d' efforts glorieux, tu as terminé l' église de
l' anse-à-veau ! Adieu, génie transcendant,
maç. modèle ! " son masque de franç-maçon ne l' empêchait
pas, comme on voit, de porter le faux nez catholique.
Le premier lui conciliait les hommes de progrès et le
second les hommes d' ordre. Il se déclarait blanc pur
sang, il haïssait les noirs ; pourtant il eût
certainement admiré Soulouque. à Bordeaux, en
1815, il avait été verdet. à cette époque, la fumée
de son royalisme lui sortait du front sous la forme
d' un immense plumet blanc. Il avait passé sa vie à
faire des éclipses, paraissant, disparaissant,
reparaissant. C' était un coquin à feu tournant. Il
savait du turc ; au lieu de guillotiné il disait
néboïssé . Il avait été esclave en Tripoli chez
un thaleb, et il y avait appris le turc à coups de
bâton ; sa fonction avait été d' aller le soir aux
portes des mosquées et d' y lire à haute voix devant
les fidèles le koran écrit sur des planchettes de bois
ou sur des omoplates de chameau. Il était
probablement renégat.
Il était capable de tout, et de pire.
Il éclatait de rire et fronçait le sourcil en même
temps. Il disait : en politique, je n' estime que
les gens inaccessibles aux influences. il disait :
je suis pour les moeurs. il disait : il faut
replacer la pyramide sur sa base. il était
plutôt gai et cordial qu' autre chose. La forme de sa
bouche démentait le sens de ses paroles. Ses narines
eussent pu passer pour des naseaux. Il avait au coin
de l' oeil un

p98

carrefour de rides où toutes sortes de pensées
obscures se donnaient rendez-vous. Le secret de sa
physionomie ne pouvait être déchiffré que là. Sa
patte d' oie était une serre de vautour. Son crâne
était bas au sommet et large aux tempes. Son oreille,
difforme et encombrée de broussailles, semblait dire :
ne parlez pas à la bête qui est dans cet antre.
Un beau jour, à Guernesey, on ne sut plus où était
Rantaine.
L' associé de Lethierry avait " filé " , laissant vide
la caisse de l' association.
Dans cette caisse il y avait de l' argent à Rantaine
sans doute, mais il y avait aussi cinquante mille
francs à Lethierry.
Lethierry, dans son métier de caboteur et de
charpentier de navires, avait, en quarante ans
d' industrie et de probité, gagné cent mille francs.
Rantaine lui en emporta la moitié.
Lethierry, à moitié ruiné, ne fléchit pas et songea
immédiatement à se relever. On ruine la fortune des
gens de coeur, non leur courage. On commençait alors
à parler du bateau à vapeur. L' idée vint à Lethierry
d' essayer la machine Fulton, si contestée, et de
relier par un bateau à feu l' archipel normand à la
France. Il joua son vatout sur cette idée. Il y
consacra son reste. Six mois après la fuite de
Rantaine, on vit sortir du port stupéfait de
saint-Sampson un navire à fumée, faisant l' effet
d' un incendie en mer, le premier steamer qui ait
navigué dans la Manche.
Ce bateau, que la haine et le dédain de tous
gratifièrent immédiatement du sobriquet " la galiote
à Lethierry " , s' annonça comme devant faire le
service régulier de Guernesey à Saint-Malo.

p99

4 suite de l' histoire de l' utopie.
La chose, on le comprend de reste, prit d' abord fort
mal. Tous les propriétaires de coutres faisant le
voyage de l' île guernesiaise à la côte française
jetèrent les hauts cris. Ils dénoncèrent cet
attentat à l' écriture sainte et à leur monopole.
Quelques chapelles fulminèrent. Un révérend, nommé
Elihu, qualifia le bateau à vapeur " un libertinage " .
Le navire à voiles fut déclaré orthodoxe. On vit
distinctement les cornes du diable sur la tête des
boeufs que le bateau à vapeur apportait et
débarquait. Cette protestation dura un temps
raisonnable. Cependant peu à peu on finit par
s' apercevoir que ces boeufs arrivaient moins
fatigués, et se vendaient mieux, la viande étant
meilleure ; que les risques de mer étaient moindres
pour les hommes aussi ; que ce passage, moins
coûteux, était plus sûr et plus court ; qu' on
partait à heure fixe et qu' on arrivait à heure fixe ;
que le poisson, voyageant plus vite, était plus frais,
et qu' on pouvait désormais déverser sur les marchés
français l' excédent des grandes pêches, si fréquentes
à Guernesey ; que le beurre des admirables vaches de
Guernesey faisait plus rapidement le trajet dans le
devil-boat que dans les sloops à voile, et ne perdait
plus rien de sa qualité, de sorte que Dinan en
demandait, et que Saint-Brieuc en demandait, et
que Rennes en demandait ; qu' enfin il y avait,
grâce à ce qu' on appelait la galiote à Lethierry ,
sécurité de voyage, régularité de communication,
va-et-vient facile et prompt, agrandissement de
circulation, multiplication de débouchés, extension
de commerce, et qu' en somme il fallait prendre son
parti de ce devil-boat qui violait la bible et
enrichissait l' île. Quelques esprits forts se
hasardèrent à approuver dans une certaine mesure.
Sieur Landoys, le greffier, accorda son estime à ce
bateau. Du reste, ce fut impartialité de sa part, car
il n' aimait pas Lethierry. D' abord Lethierry était
mess et Landoys n' était que sieur. Ensuite, quoique
greffier à Saint-Pierre-Port, Landoys était
paroissien de saint-Sampson ; or ils n' étaient dans
la paroisse que deux hommes, Lethierry et lui,
n' ayant point de préjugés ; c' était bien le moins que
l' un détestât l' autre. être du même bord, cela
éloigne.
Sieur Landoys néanmoins eut l' honnêteté d' approuver
le bateau à vapeur. D' autres se joignirent à sieur
Landoys. Insensiblement, le fait

p100

monta ; les faits sont une marée, et, avec le temps,
avec le succès continu et croissant, avec l' évidence
du service rendu, l' augmentation du bien-être de tous
étant constatée, il vint un jour où, quelques sages
exceptés, tout le monde admira " la galiote à
Lethierry " .
On l' admirerait moins aujourd' hui. Ce steamer d' il y a
quarante ans ferait sourire nos constructeurs actuels.
Cette merveille était difforme ; ce prodige était
infirme.
De nos grands steamers transatlantiques d' à présent
au bateau à roues et à feu que Denis Papin fit
manoeuvrer sur la fulde en 1707, il n' y a pas moins
de distance que du vaisseau à trois ponts le
montebello , long de deux cents pieds, large de
cinquante, ayant une grande vergue de cent quinze
pieds, déplaçant un poids de trois mille tonneaux,
portant onze cents hommes, cent vingt canons, dix
mille boulets et cent soixante paquets de mitraille,
vomissant à chaque bordée, quand il combat, trois
mille trois cents livres de fer, et déployant au vent,
quand il marche, cinq mille six cents mètres carrés
de toile, au dromon danois du iie siècle, trouvé
plein de haches de pierre, d' arcs et de massues, dans
les boues marines de Wester-Satrup, et déposé à
l' hôtel de ville de Flensbourg.
Cent ans juste d' intervalle, 1707-1807, séparent le
premier bateau de Papin du premier bateau de
Fulton. La " galiote à Lethierry " était, à coup
sûr, un progrès sur ces deux ébauches, mais était
une ébauche elle-même. Cela ne l' empêchait pas d' être
un chef-d' oeuvre. Tout embryon de la science offre ce
double aspect : monstre comme foetus ; merveille
comme germe.
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Sturm
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeLun 11 Juin - 10:31

c cool tu es arrivé à la page 100!!!(dis moi pa ke yen a encore après, stp...)
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lorkhor
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeLun 11 Juin - 13:44

ben si y'en a encore tout plein tout plein tu peu voir sur le site si tu me crois pas
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeLun 11 Juin - 20:03

je crois qu'il y'a 400 pages et même plus !!

p101

5 le bateau-diable.
La " galiote à Lethierry " n' était pas mâtée selon le
point vélique, et ce n' était pas là son défaut, car
c' est une des lois de la construction navale ;
d' ailleurs le navire ayant pour propulseur le feu,
la voilure était l' accessoire. Ajoutons qu' un navire
à roues est presque insensible à la voilure qu' on lui
met. La galiote était trop courte, trop ronde, trop
ramassée ; elle avait trop de joue et trop de
hanche ; la hardiesse n' avait pas été jusqu' à la
faire légère ; la galiote avait quelques-uns des
inconvénients et quelques-unes des qualités de la
panse. Elle tanguait peu, mais roulait beaucoup. Les
tambours étaient trop hauts. Elle avait trop de bau
pour sa longueur. La machine, massive, l' encombrait,
et, pour rendre le navire capable d' une forte
cargaison, on avait dû hausser démesurément la
muraille, ce qui donnait à la galiote à peu près le
défaut des vaisseaux de soixante-quatorze, qui sont un
gabarit bâtard, et qu' il faut raser pour les rendre
battants et marins. étant courte, elle eût dû virer
vite, les temps employés à une évolution étant
comme les longueurs des navires ; mais sa pesanteur
lui ôtait l' avantage que lui donnait sa brièveté.
Son maître-couple était trop large, ce qui la
ralentissait, la résistance de l' eau étant
proportionnelle à la plus grande section immergée
et au carré de la vitesse du navire. L' avant était
vertical, ce qui ne serait pas une faute aujourd' hui,
mais en ce temps-là l' usage invariable était de
l' incliner de quarante-cinq degrés. Toutes les courbes
de la coque étaient bien raccordées, mais pas assez
longues pour l' obliquité et surtout pour le
parallélisme avec le prisme d' eau déplacé, lequel ne
doit jamais être refoulé que latéralement. Dans les
gros temps, elle tirait trop d' eau, tantôt par l' avant,
tantôt par l' arrière, ce qui indiquait un vice dans
le centre de gravité. La charge n' étant pas où elle
devait être, à cause du poids de la machine, le
centre de gravité passait souvent à l' arrière du grand
mât, et alors il fallait s' en tenir à la vapeur, et
se défier de la grande voile, car l' effort de la grande
voile dans ce cas-là faisait arriver le vaisseau au
lieu de le soutenir au vent. La ressource était,
quand on était au plus près du vent, de larguer en
bande la grande écoute ; le vent, de la sorte, était
fixé sur l' avant par l' amure, et la grande voile ne
faisait plus l' effet d' une voile de poupe. Cette
manoeuvre était difficile. Le gouvernail était
l' antique gouvernail, non à roue comme

p102

aujourd' hui, mais à barre, tournant sur ses gonds
scellés dans l' étambot et mû par une solive
horizontale passant par-dessus la barre d' arcasse.
Deux canots, espèces de youyous, étaient suspendus
aux pistolets. Le navire avait quatre ancres, la grosse
ancre, la seconde ancre qui est l' ancre travailleuse,
working-anchor, et deux ancres d' affourche. Ces
quatre ancres, mouillées avec des chaînes, étaient
manoeuvrées, selon les occasions, par le grand
cabestan de poupe et le petit cabestan de proue. à
cette époque, le guindoir à pompe n' avait pas encore
remplacé l' effort intermittent de la barre d' anspect.
N' ayant que deux ancres d' affourche, l' une à tribord,
l' autre à bâbord, le navire ne pouvait affourcher en
patte d' oie, ce qui le désarmait un peu devant
certains vents. Pourtant il pouvait en ce cas s' aider
de la seconde ancre. Les bouées étaient normales, et
construites de manière à porter le poids de l' orin des
ancres, tout en restant à flot. La chaloupe avait la
dimension utile. C' était le véritable en-cas du
bâtiment ; elle était assez forte pour lever la
maîtresse ancre. Une nouveauté de ce navire, c' est
qu' il était en partie gréé avec des chaînes, ce qui
du reste n' ôtait rien de leur mobilité aux manoeuvres
courantes et de leur tension aux manoeuvres dormantes.
La mâture, quoique secondaire, n' avait aucune
incorrection ; le capelage bien serré, bien dégagé,
paraissait peu. Les membrures étaient solides, mais
grossières, la vapeur n' exigeant point la même
délicatesse de bois que la voile. Ce navire marchait
avec une vitesse de deux lieues à l' heure. En panne
il faisait bien son abatée. Telle qu' elle était,
" la galiote à Lethierry " tenait bien la mer, mais elle
manquait de pointe pour diviser le liquide, et l' on ne
pouvait dire qu' elle eût de belles façons. On sentait
que dans un danger, écueil ou trombe, elle serait
peu maniable. Elle avait le craquement d' une chose
informe. Elle faisait, en roulant sur la vague, un
bruit de semelle neuve.
Ce navire était surtout un récipient, et, comme tout
bâtiment plutôt armé en marchandise qu' en guerre, il
était exclusivement disposé pour l' arrimage. Il
admettait peu de passagers. Le transport du bétail
rendait l' arrimage difficile et très particulier. On
arrimait alors les boeufs dans la cale, ce qui était
une complication. Aujourd' hui on les arrime sur
l' avant-pont. Les tambours du devil-boat Lethierry
étaient peints en blanc, la coque, jusqu' à la ligne
de flottaison, en couleur de feu, et tout le reste du
navire, selon la mode assez laide de ce siècle, en
noir.
Vide, il calait sept pieds, et, chargé, quatorze.
Quant à la machine, elle était puissante. La force
était d' un cheval pour trois tonneaux, ce qui est
presque une force de remorqueur. Les roues étaient
bien placées, un peu en avant du centre de gravité
du navire. La machine avait une pression maximum
de deux atmosphères. Elle usait

p103

beaucoup de charbon, quoiqu' elle fût à condensation
et à détente. Elle n' avait pas de volant à cause de
l' instabilité du point d' appui, et elle y remédiait,
comme on le fait encore aujourd' hui, par un double
appareil faisant alterner deux manivelles fixées aux
extrémités de l' arbre de rotation et disposées de
manière à ce que l' une fût toujours à son point fort
quand l' autre était à son point mort. Toute la
machine reposait sur une seule plaque de fonte ; de
sorte que, même dans un cas de grave avarie, aucun
coup de mer ne lui ôtait l' équilibre et que la coque
déformée ne pouvait déformer la machine. Pour rendre
la machine plus solide encore, on avait placé la
bielle principale près du cylindre, ce qui
transportait du milieu à l' extrémité le centre
d' oscillation du balancier. Depuis on a inventé les
cylindres oscillants qui permettent de supprimer les
bielles ; mais, à cette époque, la bielle près du
cylindre semblait le dernier mot de la machinerie.
La chaudière était coupée de cloisons et pourvue de
sa pompe de saumure. Les roues étaient très grandes,
ce qui diminuait la perte de force, et la cheminée
était très haute, ce qui augmentait le tirage du
foyer ; mais la grandeur des roues donnait prise au
flot et la hauteur de la cheminée donnait prise au
vent. Aubes de bois, crochets de fer, moyeux de fonte,
telles étaient les roues, bien construites et, chose
qui étonne, pouvant se démonter. Il y avait toujours
trois aubes immergées. La vitesse du centre des
aubes ne surpassait que d' un sixième la vitesse du
navire ; c' était là le défaut de ces roues. En outre,
le manneton des manivelles était trop long, et le
tiroir distribuait la vapeur dans le cylindre avec
trop de frottement. Dans ces temps-là, cette machine
semblait et était admirable.
Cette machine avait été forgée en France à l' usine
de fer de Bercy. Mess Lethierry l' avait un peu
imaginée ; le mécanicien qui l' avait construite sur
son épure était mort ; de sorte que cette machine
était unique, et impossible à remplacer. Le
dessinateur restait, mais le constructeur manquait.
La machine avait coûté quarante mille francs.
Lethierry avait construit lui-même la galiote sous
la grande cale couverte qui est à côté de la première
tour entre Saint-Pierre-Port et saint-Sampson.
Il avait été à Brême acheter le bois. Il avait
épuisé dans cette construction tout son savoir-faire
de charpentier de marine, et l' on reconnaissait son
talent au bordage dont les coutures étaient étroites
et égales, et recouvertes de sarangousti, mastic
de l' Inde meilleur que le brai. Le doublage était
bien mailleté. Lethierry avait enduit la carène
de gallegalle. Il avait, pour remédier à la rondeur
de la coque, ajusté un boute-hors au beaupré, ce qui
lui permettait d' ajouter à la civadière une fausse
civadière. Le jour du lancement, il avait dit : me
voilà à flot ! La galiote réussit en effet, on l' a vu.
Par hasard ou exprès, elle avait été lancée un
14 juillet. Ce jour-là,

p104

Lethierry, debout sur le pont entre les deux
tambours, regarda fixement la mer et lui cria :
-c' est ton tour ! Les parisiens ont pris la
Bastille ; maintenant nous te prenons, toi !
La galiote à Lethierry faisait une fois par semaine
le voyage de Guernesey à Saint-Malo. Elle partait
le mardi matin et revenait le vendredi soir, veille
du marché qui est le samedi. Elle était d' un plus fort
échantillon de bois que les plus grands sloops
caboteurs de tout l' archipel, et, sa capacité étant
en raison de sa dimension, un seul de ses voyages
valait, pour l' apport et pour le rendement, quatre
voyages d' un coutre ordinaire. De là de forts
bénéfices. La réputation d' un navire dépend de son
arrimage, et Lethierry était un admirable arrimeur.
Quand il ne put plus travailler en mer lui-même,
il dressa un matelot pour le remplacer comme
arrimeur. Au bout de deux années, le bateau à vapeur
rapportait net sept cent cinquante livres sterling par
an, c' est-à-dire dix-huit mille francs. La livre
sterling de Guernesey vaut vingt-quatre francs, celle
d' Angleterre vingt-cinq et celle de Jersey
vingt-six. Ces chinoiseries sont moins chinoises
qu' elles n' en ont l' air ; les banques y trouvent
leur compte.

p105

6 entrée de Lethierry dans la gloire.
" la galiote " prospérait. Mess Lethierry voyait
s' approcher le moment où il deviendrait monsieur.
à Guernesey on n' est pas de plain-pied monsieur.
Entre l' homme et le monsieur il y a toute une échelle
à gravir ; d' abord, premier échelon, le nom tout sec,
Pierre, je suppose ; puis, deuxième échelon, vésin
(voisin) Pierre ; puis, troisième échelon, père
Pierre ; puis, quatrième échelon, sieur Pierre ;
puis, cinquième échelon, mess Pierre ; puis,
sommet, monsieur Pierre.
Cette échelle, qui sort de terre, se continue dans le
bleu. Toute la hiérarchique Angleterre y entre et s' y
étage. En voici les échelons, de plus en plus
lumineux : au-dessus du monsieur gentleman , il y
a l' esq. (écuyer), au-dessus de l' esq., le chevalier
( sir viager), puis, en s' élevant toujours, le
baronet ( sir héréditaire), puis le lord,
laird en écosse, puis le baron, puis le vicomte,
puis le comte ( earl en Angleterre, jarl en
Norvège), puis le marquis, puis le duc, puis le pair
d' Angleterre, puis le prince du sang royal, puis le
roi. Cette échelle monte du peuple à la bourgeoisie,
de la bourgeoisie au baronetage, du baronetage à la
pairie, de la pairie à la royauté.
Grâce à son coup de tête réussi, grâce à la vapeur,
grâce à sa machine, grâce au bateau-diable, mess
Lethierry était devenu quelqu' un. Pour construire
" la galiote " , il avait dû emprunter ; il s' était
endetté à Brême, il s' était endetté à Saint-Malo ;
mais chaque année il amortissait son passif.
Il avait de plus acheté à crédit, à l' entrée même du
port de saint-Sampson, une jolie maison de pierre,
toute neuve, entre mer et jardin, sur l' encoignure
de laquelle on lisait ce nom : les bravées. le
logis les bravées, dont la devanture faisait partie
de la muraille même du port, était remarquable par
une double rangée de fenêtres, au nord, du côté d' un
enclos plein de fleurs, au sud, du côté de
l' océan ; de sorte que cette maison avait deux
façades, l' une sur les tempêtes, l' autre sur les
roses.
Ces façades semblaient faites pour les deux habitants,
mess Lethierry et miss Déruchette.
La maison des bravées était populaire à
saint-Sampson. Car mess Lethierry avait fini par
être populaire. Cette popularité lui venait un peu de
sa bonté, de son dévouement et de son courage, un
peu de la quantité
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeLun 11 Juin - 22:40

Je me suis mal exprimé: je voulais ne voulais pas dire: "ne me dis aps que y'en a encore plin après..." mais "ne me dis aps que toutes celles ki ya après tu vas les écrire..."
Voilà!
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeLun 11 Juin - 23:11

a ben si c'est inutile donc je le fais ou peut etre je changerai de livre
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Juin - 19:22

I wanna slit your throat and fuck the wound
I wanna push my face in and feel the swoon
I wanna dig inside, find a little bit of me
Cuz the line gets crossed when you don't come clean

My wormwood meets your pesticide
You'll never get out, coz you were never alive
I am infinite, I am the infant finite
Come a little closer and I'll show you why

(NO ONE IS - SAFE)
Noises, noises, people make noises
people make noises when they're sick
Nothing to do except hold on to NOTHING

How does it feel to be locked inside another dream
That never had a chance of being realized?
What the fuck are you lookin' at?
I'll tell you what you're lookin' at
Everyone you ever fuckin' laughed at

Look in my eyes for the answers - typical
I can feel it underneath like a miracle
Everybody in the world needs more than
Lies and consequences to poser them
Once again, it's me and no one else
I can't remember if there was a someone else
It's not mine, it's not fair, it's outta my hands
And it's shaking - you'll never take me

(NO ONE IS - SAFE)
Noises, noises, people make noises
People make noises when they're sick
Nothing to do except hold on to NOTHING

NOTHING!

(HATE) Hate ain't enough to describe me
(SCREAM) Somewhere between screaming and crying
I'm not supposed to be here
I'm not supoosed to be

(WHY) When do I get to know why?
(BITTER) Bitter as the stink of when I try
I'm not supposed to be here
I'm not supposed to be
Pull your hands away

I'm gone - goodbye - it's so depressing
Withering away
Take a look - inside - my soul is missing
All I have is dead, so I'll take you with me
Feel like I'm erased - so kill me just in case

(COVET) Everything around me's mine
(STY) Can't see through the sties in my eyes
I'm not supposed to be here
I'm not supposed to be

(DOWN) Scratching and clawing all the way
(STAY) You won't let me fucking stay
I'm not supposed to be here
I'm not supposed to be

(LIVE) Is there another way to live?
(DIE) Cuz it's the only way to die
I'm not supposed to be here
I'm not supposed to be
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Juin - 19:29

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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Juin - 21:00

pig
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Juin - 21:22

:mortium:
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Juin - 21:58

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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Juin - 22:50

rendeer
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMar 12 Juin - 23:26

Oui mais ça ça frise le message utile Kyle lol!!! lol!

Bon allez je dirais.... ben rien lol! (j'ai rien qui me vient à dire en ce moment mdr)

:p
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMer 13 Juin - 9:52

:inf: a l'attaque !!
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitimeMer 13 Juin - 13:15

Sturm a écrit:
Oui mais ça ça frise le message utile Kyle lol!!! lol!
:p

tu vois de l'utilité la dedans lol!
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MessageSujet: Re: le topic des messages inutiles   le topic des messages inutiles - Page 3 Icon_minitime

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