Black Hole Army -- Bienvenue dans la Black Hole Army -- |
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| le topic des messages inutiles | |
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Auteur | Message |
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Sturm Empereur à la retraite
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Feuille de personnage Situation BHA: Empereur Black Hole Points: Moins que Kyle et ça m'énerve Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mer 6 Juin - 16:57 | |
| 15h54 je lis la première ligne du message de kamo oula ça m'a l'air vraiment très long, j'ai encore de la bio plein la tête de ce matin 15h55 j'e lis la deuxième ligne du message de kamo, décidément son message est vraiment inutile, on n'en a vraiment rien à foutre, heureusement qu'on a créé ce topic car il est bien utile^^ 15h56 j'écris mon message puisque de toutes façnos moi non plus je n'ai rien d'autre à foutre ah si il fut que je révise mon bac françaisd car je passe mon écrit dans 6 jours... :s 15h57 je vais ouvrir mno classeur de français 15h57 et 10 secondes je ferme aussitôt mon classeur de français, non mais franchement qu'est-ce que j'allais faire, là? je me repose comme une loque devant mon ordi | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mer 6 Juin - 16:58 | |
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| | | lorkhor Invité
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mer 6 Juin - 19:25 | |
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| | | lorkhor Invité
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mer 6 Juin - 19:27 | |
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| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mer 6 Juin - 19:55 | |
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| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Mer 6 Juin - 21:53 | |
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| | | BooT Membre Black Hole
Nombre de messages : 2660 Age : 23 Univers : 17 Date d'inscription : 01/05/2007
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 14:40 | |
| bonjour
Mais bientot je pourrai vous dire : en revoir je v bientot partir ...
Bon ba je le dis : en revoir je v bientot partir ... | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 18:37 | |
| Dans la plaine les baladins S'éloignent au long des jardins Devant l'huis des auberges grises Par les villages sans églises
Et les enfants s'en vont devant Les autres suivent en rêvant Chaque arbre fruitier se résigne Quand de très loin ils lui font signe
Ils ont des poids ronds ou carrés Des tambours des cerceaux dorés L'ours et le singe animaux sages Quêtent des sous sur leur passage | |
| | | lorkhor Invité
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 19:21 | |
| ta gueule et j'ai mal à la fesse droite |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 19:38 | |
| FEUX DE LA SAINT JEAN
C'était le soir, sur la place d'une petite ville, ou bien à la campagne, sur une hauteur dominant le paysage. Un bûcher d'ajoncs ou de brindilles, tordus en cône autour d'une grande perche et surmontés d'un bouquet et de l'étendard de saint Jean, attendait les " processionneurs ". Le curé venait en tête, suivi du maire et des adjoints. La pieuse théorie faisait le tour du bûcher. Après quoi, le maire abaissait son cierge et allumait lui-même le tantad. La flamme montait dans un joyeux crépitement. Une lueur rouge baignait le ciel, et, la procession repartie, des danses se nouaient, cadencées et vives, autour du brasier agonisant. Quelques personnes plus hardis, s'amusaient même à le traverser d'un bond...
A u hameau de Saint-Jean-du-Doigt (Bretagne), qui possède une église merveilleuse et un bijou de fontaine, renommée pour son eau miraculeuse, le tantad était -dressé devant l'église... Un ange descendait sur un fil de fer et, du cierge qu'il tenait à la main, allumait le bûcher. On aurait pu craindre que le voisinage de l'église ne créât un danger d'incendie, et c'eût été mal connaître les Bretons. Ils savent, de notion certaine, que le soir de la Saint-Jean le vent tourne toujours au nord-est, de façonà porter les flammes dans la direction opposée. Ce changement du vent est l'indice de la présence du saint. Ari an aotrou sant Yan en he pardon (Voici Monsieur saint Jean qui arrive à son Pardon), disent les bonnes gens.
Au début du XXe siècle déjà, il n'y a plus guère de feux de la Saint-Jean qu'en Bretagne, en Vendée, et dans quelques cantons du Midi. A Bordeaux, on en allume alors encore sur les places publiques de certains quartiers populaires. Tel apporte un fagot, tel une vieille futaille hors d'usage, tel une caisse ou un panier défoncé. Des rondes se forment, les enfants tirent des pétards, les femmes fredonnent une chanson, quelquefois un ménétrier mène le branle. Bordeaux est vraisemblablement avec Brest la seule grande ville de France qui ait à cette époque conservé l'usage des feux de la Saint-Jean. Encore, à Brest, les bûchers sont-ils remplacés par des torches promenées sur les glacis, qu'on lance en l'air et qui retombent en secouant une poussière lumineuse.
E n Poitou, la coutume est de prendre une roue de charrette dont on entoure le cercle et les jantes d'un fort bourrelet de paille. La roue, allumée au moyen d'un cierge bénit, est promenée dans la campagne que ses étincelles doivent fertiliser. Il n'est point malaisé de voir là le souvenir d'une pratique païenne : la roue symbolise le soleil à son entrée dans le solstice. Et l'on sait de reste que les Celtes, le 24 juin, célébraient la fête du renouveau, de la jeunesse ressuscitée du monde. Leurs druides, suivant une tradition rapportée par Jules Perrin, faisaient cette nuit-là le recensement des enfants nés dans l'année et allumaient sur toutes les hauteurs des bûchers en l'honneur de Teutatès, père du feu. L'exquis auteur de Brocéliande put se croire rajeuni de deux mille ans certain soir de juin qu'aux environs de Ploërmel il assista, stupéfait et ravi, à l'embrasement de l'horizon.
« Un à un, dit-il, tous les villages s'allumaient. A la flamme de Taupont répondait celle de La Touche, et la lumière gagnait l'autre côté de la vallée, revenait vers Ploërmel par la Ville-Bernier, la Ville-Réhel ; lentement les fumées ondulaient dans I'air, s'effaçaient et se perdaient sous l'ardent rayonnement des brasiers, et bientôt les flammes dégagées montèrent hautes et droites vers le ciel, perpétuant le souffle des vieux cultes consécrateurs du feu qui est la source première de la vie universelle ».
Cette survivance de traditions millénaires ne laisse pas en effet de surprendre un peu au premier abord. Mais, pour qui connaît l'âme bretonne et qui sait combien elle s'est peu modifiée à travers les âges, le phénomène paraît banal. En quelques paroisses de la Haute-Cornouaille, la cérémonie avait d'ailleurs une conclusion assez funèbre : quand les danses avaient cessé et que le feu était près de s'éteindre, on l'entourait de grandes pierres plates destinées, dans la pensée des assistants, à servir de siège aux anaon, aux mânes grelottants des pauvres morts de l'année, avides de se reposer quelques heures en tendant leurs mains débiles vers les cendres...
Paris n'avait déjà plus de feux de Saint-Jean au début du XXe siècle. Les derniers datent de l'Ancien Régime. On dressait alors le bûcher sur la place de Grève et c'était le roi en personne, assisté de toute sa cour, qui l'enflammait. L'historien Dulaure nous a laissé la description d'une de ces cérémonies, qui se passa sous Charles IX : « Au milieu de la place de Grève était placé un arbre de soixante pieds de hauteur, hérissé de traverses de bois auxquelles on attacha cinq cents bourrées et deux cents cotrets ; au pied étaient entassées dix voies de gros bois et beaucoup de paille. Cent vingt archers de la ville, cent arbalétriers, cent arquebusiers, y assistaient pour contenir le peuple. Les joueurs d'instruments, notamment ceux que l'on qualifiait de grande bande, sept trompettes sonnantes, accrurent le bruit de la solennité; Les magistrats de la ville, prévôt des marchands et échevins, portant des torches de cire jaune, s'avancèrent vers l'arbre entouré de bûches et de fagots, présentèrent au roi une torche de cire blanche, garnie de deux poignées de velours rouge; et Sa Majesté, armée de cette torche, vint gravement allumer le feu ».
L e dernier monarque qui alluma le feu de Grève de ses mains fut Louis XIV. Plus tard cet honneur revint au prévôt des marchands et, à son défaut, aux échevins. Par une bizarrerie véritable, la perche qui soutenait le bûcher était surmontée d'un tonneau ou d'un sac rempli de chats vivants. C'est ainsi qu'on lit dans les registres de la ville de Paris : « Payé à Lucas Pommereux, l'un des commissaires des quais de la ville, cent sous parisis pour avoir fourni, durant trois années finies à la Saint-Jean 1573, tous les chats qu'il falloit audit feu, comme de coutume, et même pour avoir fourni, il y a un an où le roi y assista, un renard pour donner plaisir à Sa Majesté, et pour avoir fourni un grand sac de toile où estoient lesdits chats ». Il arrivait, en effet, que, pour ajouter plus d'éclat à la fête, quand d'aventure Sa Majesté y assistait, on joignait aux chats quelque animal féroce, ours, loup, renard, dont l'autodafé constituait un divertissement de haut goût...
M ais la Saint-Jean n'avait pas que ses feux : elle avait aussi ses herbes, ses fameuses herbes de la Saint-Jean qui, cueillies le matin, pieds nus, en état de grâce et avec un couteau d'or, donnaient pouvoir de chasser les démons et de guérir la fièvre. On sait que, parmi ces fleurs mystérieuses, se trouvait la verveine, la plante sacrée des races celtiques. On la cueille encore sur les dunes de Saintonge en murmurant une formule bizarre, nommée la verven-Dieu et dont le sens s'est perdu.
De quelqu'un qui se couchait tard, on disait jadis : « Il est allé ramasser un charbon de Saint-Jean » . Le fait est que ces charbons passaient en Bretagne pour avoir toutes sortes de propriétés merveilleuses. Il en suffit d'un recueilli dans les cendres du tantad et dévotement placé, au retour, dans un coin du foyer, pour préserver la maison de l'incendie et de la foudre. On disait encore qu'en balançant les nouveau-nés devant la flamme de trois tantads, on les gardait à tout jamais contre le mal de la peur... | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 19:40 | |
| Troudu69 parle :
Salut à tous !
J'ai actuellement une jument d'un clinet pour un bridage et je dois lui donner des antibiotique (sulfa en poudre) dans sa moulée suite a un accident de remorque en s'en venat chez moi.
Mlle est très difficile et ne mange pas la poudre.
J'ai essayé de mélanger de l'huile de soya et aussi de la mellasse dans la moulée et ça ne fonctionne pas. Elle ne mange pas plus.
Est-ce que vous connaissez d'autres trucs ? | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 20:05 | |
| Tu crois vraiment qu'on a tout lu Rockin-Storm? | |
| | | lorkhor Invité
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 22:29 | |
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| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 22:46 | |
| vous adorez ça ! hein ? tenez c'est pour vous :
Votre paresse enfin me scandalise, Ma Muse ; obéissez-moi : Il faut ce matin, sans remise, Aller au lever du Roi. Vous savez bien pourquoi, Et ce vous est une honte De n'avoir pas été plus prompte A le remercier de ses fameux bienfaits ; Mais il vaut mieux tard que jamais. Faites donc votre compte* D'aller au Louvre accomplir mes souhaits.
Gardez-vous bien d'être en Muse bâtie ; Un air de Muse est choquant dans ces lieux : On y veut des objets à réjouir les yeux*, Vous en devez être avertie, Et vous ferez votre cour beaucoup mieux, Lorsqu'en marquis vous serez travestie. Vous savez ce qu'il faut pour paraître marquis ; N'oubliez rien de l'air, ni des habits : Arborez un chapeau chargé de trente plumes Sur une perruque de prix ; Que le rabat soit des plus grands volumes*, Et le pourpoint des plus petits ; Mais surtout je vous recommande Le manteau d'un ruban sur le dos retroussé : La galanterie en est grande, Et parmi les marquis de la plus haute bande, C'est pour être placé. Avec vos brillantes hardes Et votre ajustement, Faites tout le trajet de la salle des gardes*, Et vous peignant galamment*, Portez de tous côtés vos regards brusquement ; Et, ceux que vous pourrez connaître, Ne manquez pas, d'un haut ton*, De les saluer par leur nom, De quelque rang qu'ils puissent être*. Cette familiarité Donne à quiconque en use un air de qualité.
Grattez du peigne à la porte De la chambre du Roi* ; Ou si, comme je prévoi, La presse s'y trouve forte, Montrez de loin votre chapeau, Ou montez sur quelque chose Pour faire voir votre museau, Et criez sans aucune pause, D'un ton rien moins que naturel : « Monsieur l'huissier, pour le marquis un tel* ». Jetez-vous dans la foule, et tranchez du notable, Coudoyez un chacun, point du tout de quartier, Pressez, poussez, faites le diable Pour vous mettre le premier* ; Et quand même l'huissier, A vos désirs inexorable, Vous trouverait en face un marquis repoussable*, Ne démordez point pour cela. Tenez toujours ferme là : A déboucher la porte il irait trop du vôtre* ; Faites qu'aucun n'y puisse pénétrer, Et qu'on soit obligé de vous laisser entrer, Pour faire entrer quelque autre.
Quand vous serez entré, ne vous relâchez pas : Pour assiéger la chaise*, il faut d'autres combats ; Tâchez d'en être des plus proches, En y gagnant le terrain pas à pas ; Et si des assiégeants la prévenant amas En bouche toutes les approches, Prenez le parti doucement D'attendre le prince au passage : Il connaîtra votre visage, Malgré votre déguisement ; Et lors, sans tarder davantage, Faites-lui votre compliment.
Vous pourriez aisément l'étendre, Et parler des transports qu'en vous font éclater Les surprenants bienfaits, que sans les mériter*, Sa libérale main sur vous daigne répandre, Et des nouveaux efforts, où s'en va vous porter L'excès de cet honneur où vous n'osiez prétendre, Lui dire comme vos désirs Sont, après ses bontés, qui n'ont point de pareilles, D'employer à sa gloire, ainsi qu'à ses plaisirs, Tout votre art et toutes vos veilles, Et là-dessus lui promettre merveilles. Sur ce chapitre on n'est jamais à sec : Les muses sont de grandes prometteuses, Et comme vos sœurs les causeuses, Vous ne manquerez pas*, sans doute, par le bec. Mais les grands princes n'aiment guères Que les compliments qui sont courts ; Et le nôtre surtout a bien d'autres affaires, Que d'écouter tous vos discours. La louange et l'encens n'est pas ce qui le touche ; Dès que vous ouvrirez la bouche Pour lui parler de grâce et de bienfait, Il comprendra d'abord ce que vous voudrez dire, Et se mettant doucement à sourire, D'un air qui sur les cœurs fait un charmant effet, Il passera comme un trait*, Et cela vous doit suffire : Voilà votre compliment fait. | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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Feuille de personnage Situation BHA: Empereur Black Hole Points: Moins que Kyle et ça m'énerve Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Jeu 7 Juin - 23:13 | |
| Mais où, mais où vas-tu chercher tout ça?!? >T'es taré, Rockin | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
Nombre de messages : 3476 Age : 31 Date d'inscription : 21/05/2007
Feuille de personnage Situation BHA: Membre de la Black Hole Army Points: 201.859 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Ven 8 Juin - 14:15 | |
| NAN je suis pas taré, j'expose mon cour de français :
De quoi se compose une mauvaise réputation. 1 un mot écrit sur une page blanche. La christmas de 182... fut remarquable à Guernesey. Il neigea ce jour-là. Dans les îles de la Manche, un hiver où il gèle à glace est mémorable, et la neige fait évènement. Le matin de cette christmas, la route qui longe la mer de Saint-Pierre-Port au valle était toute blanche. Il avait neigé depuis minuit jusqu' à l' aube. Vers neuf heures, peu après le lever du soleil, comme ce n' était pas encore le moment pour les anglicans d' aller à l' église de saint-Sampson et pour les wesleyens d' aller à la chapelle eldad, le chemin était à peu près désert. Dans tout le tronçon de route qui sépare la première tour de la seconde tour, il n' y avait que trois passants, un enfant, un homme et une femme. Ces trois passants, marchant à distance les uns des autres, n' avaient visiblement aucun lien entre eux. L' enfant, d' une huitaine d' années, s' était arrêté, et regardait la neige avec curiosité. L' homme venait derrière la femme, à une centaine de pas d' intervalle. Il allait comme elle du côté de saint-Sampson. L' homme, jeune encore, semblait quelque chose comme un ouvrier ou un matelot. Il avait ses habits de tous les jours, une vareuse de gros drap brun, et un pantalon à jambières goudronnées, ce qui paraissait indiquer qu' en dépit de la fête il n' irait à aucune chapelle. Ses épais souliers de cuir brut, aux semelles garnies de gros clous, laissaient sur la neige une empreinte plus ressemblante à une serrure de prison qu' à un pied d' homme. La passante, elle, avait évidemment déjà sa toilette d' église ; elle portait une large mante ouatée de soie noire à faille, sous laquelle elle était fort coquettement ajustée d' une robe de popeline d' Irlande à bandes alternées blanches et roses, et, si elle n' eût eu des bas rouges, on eût pu la prendre
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pour une parisienne. Elle allait devant elle avec une vivacité libre et légère, et, à cette marche qui n' a encore rien porté de la vie, on devinait une jeune fille. Elle avait cette grâce fugitive de l' allure qui marque la plus délicate des transitions, l' adolescence, les deux crépuscules mêlés, le commencement d' une femme dans la fin d' un enfant. L' homme ne la remarquait pas. Tout à coup, près d' un bouquet de chênes verts qui est à l' angle d' un courtil, au lieu dit les basses-maisons, elle se retourna, et ce mouvement fit que l' homme la regarda. Elle s' arrêta, parut le considérer un moment, puis se baissa, et l' homme crut voir qu' elle écrivait avec son doigt quelque chose sur la neige. Elle se redressa, se remit en marche, doubla le pas, se retourna encore, cette fois en riant, et disparut à gauche du chemin, dans le sentier bordé de haies qui mène au château de Lierre. L' homme, quand elle se retourna pour la seconde fois, reconnut Déruchette, une ravissante fille du pays. Il n' éprouva aucun besoin de se hâter, et, quelques instants après, il se trouva près du bouquet de chênes à l' angle du courtil. Il ne songeait déjà plus à la passante disparue, et il est probable que si, en cette minute-là, quelque marsouin eût sauté dans la mer ou quelque rouge-gorge dans les buissons, cet homme eût passé son chemin, l' oeil fixé sur le rouge-gorge ou le marsouin. Le hasard fit qu' il avait les paupières baissées, son regard tomba machinalement sur l' endroit où la jeune fille s' était arrêtée. Deux petits pieds s' y étaient imprimés, et à côté il lut ce mot tracé par elle dans la neige : Gilliatt. ce mot était son nom. Il s' appelait Gilliatt. Il resta longtemps immobile, regardant ce nom, ces petits pieds, cette neige, puis continua sa route, pensif.
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2 le bû de la rue. Gilliatt habitait la paroisse de saint-Sampson. Il n' y était pas aimé. Il y avait des raisons pour cela. D' abord il avait pour logis une maison " visionnée " . Il arrive quelquefois, à Jersey ou à Guernesey, qu' à la campagne, à la ville même, passant dans quelque coin désert ou dans une rue pleine d' habitants, vous rencontrez une maison dont l' entrée est barricadée ; le houx obstrue la porte ; on ne sait quels hideux emplâtres de planches clouées bouchent les fenêtres du rez-de-chaussée ; les fenêtres des étages supérieurs sont à la fois fermées et ouvertes, tous les châssis sont verrouillés, mais tous les carreaux sont cassés. S' il y a un beyle, une cour, l' herbe y pousse, le parapet d' enceinte s' écroule ; s' il y a un jardin, il est ortie, ronce et ciguë, et l' on peut y épier les insectes rares ; les cheminées se crevassent, le toit s' effondre ; ce qu' on voit du dedans des chambres est démantelé ; le bois est pourri, la pierre est moisie. Il y a aux murs du papier qui se décolle. Vous pouvez y étudier les vieilles modes du papier peint, les griffons de l' empire, les draperies en croissant du directoire, les balustres et les cippes de Louis Xvi. L' épaississement des toiles pleines de mouches indique la paix profonde des araignées. Quelquefois on aperçoit un pot cassé sur une planche. C' est là une maison " visionnée " . Le diable y vient la nuit. La maison comme l' homme peut devenir cadavre. Il suffit qu' une superstition la tue. Alors elle est terrible. Ces maisons mortes ne sont point rares dans les îles de la Manche. Les populations campagnardes et maritimes ne sont pas tranquilles à l' endroit du diable. Celles de la Manche, archipel anglais et littoral français, ont sur lui des notions très précises. Le diable a des envoyés par toute la terre. Il est certain que Belphégor est ambassadeur de l' enfer en France, Hutgin en Italie, Bélial en Turquie, Thamuz en Espagne, Martinet en Suisse, et Mammon en Angleterre. Satan est un empereur comme un autre. Satan César. Sa maison est très bien montée ; Dagon est grand panetier ; Succor Bénoth est chef des eunuques ; Asmodée, banquier des jeux ; Kobal, directeur du théâtre, et Verdelet, grand maître des cérémonies ;
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Nybbas est bouffon. Wiérus, homme savant, bon strygologue et déménographe bien renseigné, appelle Nybbas " le grand parodiste " . Les pêcheurs normands de la Manche ont bien des précautions à prendre quand ils sont en mer, à cause des illusions que le diable fait. On a longtemps cru que saint Maclou habitait le gros rocher carré Ortach, qui est au large entre Aurigny et les casquets, et beaucoup de vieux matelots d' autrefois affirmaient l' y avoir très souvent vu de loin, assis et lisant dans un livre. Aussi les marins de passage faisaient-ils force génuflexions devant le rocher Ortach jusqu' au jour où la fable s' est dissipée et a fait place à la vérité. On a découvert et l' on sait aujourd' hui que ce qui habite le rocher Ortach, ce n' est pas un saint, mais un diable. Ce diable, un nommé Jochmus, avait eu la malice de se faire passer pendant plusieurs siècles pour saint Maclou. Au reste l' église elle-même tombe dans ces méprises. Les diables Raguhel, Oribel et Tobiel ont été saints jusqu' en 745 où le pape Zacharie, les ayant flairés, les mit dehors. Pour faire de ces expulsions, qui sont certes très utiles, il faut beaucoup se connaître en diables. Les anciens du pays racontent, mais ces faits-là appartiennent au passé, que la population catholique de l' archipel normand a été autrefois, bien malgré elle, plus en communication encore avec le démon que la population huguenote. Pourquoi ? Nous l' ignorons. Ce qui est certain, c' est que cette minorité fut jadis fort ennuyée par le diable. Il avait pris les catholiques en affection, et cherchait à les fréquenter, ce qui donnerait à croire que le diable est plutôt catholique que protestant. Une de ses plus insupportables familiarités, c' était de faire des visites nocturnes aux lits conjugaux catholiques,
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au moment où le mari était endormi tout à fait, et la femme à moitié. De là des méprises. Patouillet pensait que Voltaire était né de cette façon. Cela n' a rien d' invraisemblable. Ce cas du reste est parfaitement connu et décrit dans les formulaires d' exorcismes, sous la rubrique : de erroribus nocturnis et de semine diabolorum. il a particulièrement sévi à saint-Hélier vers la fin du siècle dernier, probablement en punition des crimes de la révolution. Les conséquences des excès révolutionnaires sont incalculables. Quoi qu' il en soit, cette survenue possible du démon, la nuit, quand on n' y voit pas clair, quand on dort, embarrassait beaucoup de femmes orthodoxes. Donner naissance à un Voltaire n' a rien d' agréable. Une d' elles, inquiète, consulta son confesseur sur le moyen d' éclaircir à temps ce quiproquo. Le confesseur répondit : -pour vous assurer si vous avez affaire au diable ou à votre mari, tâtez le front ; si vous trouvez des cornes, vous serez sûre... -de quoi ? Demanda la femme. La maison qu' habitait Gilliatt avait été visionnée et ne l' était plus. Elle n' en était que plus suspecte. Personne n' ignore que lorsqu' un sorcier s' installe dans un logis hanté, le diable juge le logis suffisamment tenu, et fait au sorcier la politesse de n' y plus venir, à moins d' être appelé, comme le médecin. Cette maison se nommait le bû de la rue. Elle était située à la pointe d' une langue de terre ou plutôt de rocher qui faisait un petit mouillage à part dans la crique de houmet-paradis. Il y a là une eau profonde. Cette maison était toute seule sur cette pointe presque hors de l' île, avec juste assez de terre pour un petit jardin. Les hautes marées noyaient quelquefois le jardin. Entre le port de saint-Sampson et la crique de houmet-paradis, il y a la grosse colline que surmonte ce bloc de tours et de lierre appelé le château du valle ou de l' archange, en sorte que de saint-Sampson on ne voyait pas le bû de la rue. Rien n' est moins rare qu' un sorcier à Guernesey. Ils exercent leur profession dans certaines paroisses, et le dix-neuvième siècle n' y fait rien. Ils ont des pratiques véritablement criminelles. Ils font bouillir de l' or. Ils cueillent des herbes à minuit. Ils regardent de travers les bestiaux des gens. On les consulte ; ils se font apporter dans des bouteilles de " l' eau des malades " , et on les entend dire à demi-voix : l' eau paraît bien triste. l' un d' eux un jour, en mars 1856, a constaté dans " l' eau " d' un malade sept diables. Ils sont redoutés et redoutables. Un d' eux a récemment ensorcelé un boulanger " ainsi que son four " . Un autre a la scélératesse de cacheter et sceller avec le plus grand soin des enveloppes " où il n' y a rien dedans " . Un autre va jusqu' à avoir dans sa maison sur une planche trois bouteilles étiquetées b. Ces faits monstrueux sont constatés. Quelques sorciers sont complaisants, | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Ven 8 Juin - 20:42 | |
| Je rêve ou tu t'es fait chier à tout recopier!!! | |
| | | BooT Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Ven 8 Juin - 21:42 | |
| ya pas de fautes c pa possible | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Ven 8 Juin - 22:30 | |
| Si. Mais en 4 heures | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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Feuille de personnage Situation BHA: Membre de la Black Hole Army Points: 201.859 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Ven 8 Juin - 22:40 | |
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et, pour deux ou trois guinées, prennent vos maladies. Alors ils se roulent sur leur lit en poussant des cris. Pendant qu' ils se tordent ! Vous dites ? Tiens, je n' ai plus rien. D' autres vous guérissent de tous les maux en vous nouant un mouchoir autour du corps. Moyen si simple qu' on s' étonne que personne ne s' en soit encore avisé. Au siècle dernier la cour royale de Guernesey les mettait sur un tas de fagots, et les brûlait vifs. De nos jours elle les condamne à huit semaines de prison, quatre semaines au pain et à l' eau, et quatre semaines au secret, alternant. amant alterna catenae. le dernier brûlement de sorciers à Guernesey a eu lieu en 1747. La ville avait utilisé pour cela une de ses places, le carrefour du bordage. Le carrefour du bordage a vu brûler onze sorciers, de 1565 à 1700. En général ces coupables avouaient. On les aidait à l' aveu au moyen de la torture. Le carrefour du bordage a rendu d' autres services encore à la société et à la religion. On y a brûlé les hérétiques. Sous Marie Tudor, on y brûla, entre autres huguenots, une mère et ses deux filles ; cette mère s' appelait Perrotine Massy. Une des filles était grosse. Elle accoucha dans la braise du bûcher. La chronique dit : " son ventre éclata. " il sortit de ce ventre un enfant vivant ; le nouveau-né roula hors de la fournaise ; un nommé House le ramassa. Le bailli Hélier Gosselin, bon catholique, fit rejeter l' enfant dans le feu.
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3 " pour ta femme, quand tu te marieras " . Revenons à Gilliatt. On contait dans le pays qu' une femme, qui avait avec elle un petit enfant, était venue vers la fin de la révolution habiter Guernesey. Elle était anglaise, à moins qu' elle ne fût française. Elle avait un nom quelconque dont la prononciation guernesiaise et l' orthographe paysanne avaient fait Gilliatt. Elle vivait seule avec cet enfant qui était pour elle, selon les uns un neveu, selon les autres un fils, selon les autres un petit-fils, selon les autres rien du tout. Elle avait un peu d' argent, de quoi vivre pauvrement. Elle avait acheté une pièce de pré à la sergentée, et une jaonnière à la roque-crespel, près de rocquaine. La maison du bû de la rue était, à cette époque, visionnée. Depuis plus de trente ans, on ne l' habitait plus. Elle tombait en ruine. Le jardin, trop visité par la mer, ne pouvait rien produire. Outre les bruits nocturnes et les lueurs, cette maison avait cela de particulièrement effrayant que si on y laissait le soir sur la cheminée une pelote de laine, des aiguilles et une pleine assiette de soupe, on trouvait le lendemain matin la soupe mangée, l' assiette vide, et une paire de mitaines tricotée. On offrait cette masure à vendre avec le démon qui était dedans pour quelques livres sterling. Cette femme l' acheta, évidemment tentée par le diable. Ou par le bon marché. Elle fit plus que l' acheter, elle s' y logea, elle et son enfant ; et à partir de ce moment la maison s' apaisa. cette maison a ce qu' elle veut, dirent les gens du pays. Le visionnement cessa. On n' y entendit plus de cris au point du jour. Il n' y eut plus d' autre lumière que le suif allumé le soir par la bonne femme. Chandelle de sorcière vaut torche du diable. Cette explication satisfit le public. Cette femme tirait parti des quelques vergées de terre qu' elle avait. Elle avait une bonne vache à beurre jaune. Elle récoltait des mouzettes blanches, des caboches et des pommes de terre golden drops. Elle vendait, tout comme une autre, " des panais par le tonneau, des oignons par le cent, et des fèves par le dénerel " . Elle n' allait pas au marché, mais faisait vendre sa récolte par Guilbert Falliot, aux abreuveurs saint-Sampson. Le registre de Falliot constate qu' il vendit pour elle une fois jusqu' à douze boisseaux de patates dites trois mois, des plus temprunes .
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La maison avait été chétivement réparée, assez pour y vivre. Il ne pleuvait dans les chambres que par les très gros temps. Elle se composait d' un rez-de-chaussée et d' un grenier. Le rez-de-chaussée était partagé en trois salles, deux où l' on couchait, une où l' on mangeait. On montait au grenier par une échelle. La femme faisait la cuisine et montrait à lire à l' enfant. Elle n' allait point aux églises ; ce qui fit que, tout bien considéré, on la déclara française. N' aller " à aucune place " , c' est grave. En somme, c' étaient des gens que rien ne prouvait. Française, il est probable qu' elle l' était. Les volcans lancent des pierres et les révolutions des hommes. Des familles sont ainsi envoyées à de grandes distances, des destinées sont dépaysées, des groupes sont dispersés et s' émiettent, des gens tombent des nues, ceux-ci en Allemagne, ceux-là en Angleterre, ceux-là en Amérique. Ils étonnent les naturels du pays. D' où viennent ces inconnus ? C' est ce vésuve qui fume là-bas qui les a expectorés. On donne des noms à ces aérolithes, à ces individus expulsés et perdus, à ces éliminés du sort ; on les appelle émigrés, réfugiés, aventuriers. S' ils restent, on les tolère ; s' ils s' en vont, on est content. Quelquefois ce sont des êtres absolument inoffensifs, étrangers, les femmes du moins, aux évènements qui les ont chassés, n' ayant ni haine ni colère, projectiles sans le vouloir, très étonnés. Ils reprennent racine comme ils peuvent. Ils ne faisaient rien à personne et ne comprennent pas ce qui leur est arrivé. J' ai vu une pauvre touffe d' herbe lancée éperdument en l' air par une explosion de mine. La révolution française, plus que toute autre explosion, a eu de ces jets lointains. La femme qu' à Guernesey on appelait la Gilliatt était peut-être cette touffe d' herbe-là. La femme vieillit, l' enfant grandit. Ils vivaient seuls, et évités. Ils se suffisaient. Louve et louveteau se pourlèchent. Ceci est encore une des formules que leur appliqua la bienveillance environnante. L' enfant devint un adolescent, l' adolescent devint un homme, et alors, les vieilles écorces de la vie devant toujours tomber, la mère mourut. Elle lui laissa le pré de la sergentée, la jaonnière de la roque-crespel, la maison du bû de la rue, plus, dit l' inventaire officiel, " cent guinées d' or dans le pid d' une cauche " , c' est-à-dire dans le pied d' un bas. La maison était suffisamment meublée de deux coffres de chêne, de deux lits, de six chaises, et d' une table avec ce qu' il faut d' ustensiles. Sur une planche il y avait quelques livres, et, dans un coin, une malle pas du tout mystérieuse qui dut être ouverte pour l' inventaire. Cette malle était en cuir fauve à arabesques de clous de cuivre et d' étoiles d' étain, et contenait un trousseau de femme neuf et complet en belle toile de fil de Dunkerque, chemises et jupes, plus des robes de soie en pièce, avec
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un papier où on lisait ceci écrit de la main de la morte : pour ta femme, quand tu te marieras. cette mort fut pour le survivant un accablement. Il était sauvage, il devint farouche. Le désert s' acheva autour de lui. Ce n' était que l' isolement, ce fut le vide. Tant qu' on est deux, la vie est possible. Seul, il semble qu' on ne pourra plus la traîner. On renonce à tirer. C' est la première forme du désespoir. Plus tard on comprend que le devoir est une série d' acceptations. On regarde la mort, on regarde la vie, et l' on consent. Mais c' est un consentement qui saigne. Gilliatt étant jeune, sa plaie se cicatrisa. à cet âge, les chairs du coeur reprennent. Sa tristesse, effacée peu à peu, se mêla autour de lui à la nature, y devint une sorte de charme, l' attira vers les choses et loin des hommes, et amalgama de plus en plus cette âme à la solitude.
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4 impopularité. Gilliatt, nous l' avons dit, n' était pas aimé dans la paroisse. Rien de plus naturel que cette antipathie. Les motifs abondaient. D' abord, on vient de l' expliquer, la maison qu' il habitait. Ensuite, son origine. Qu' est-ce que c' était que cette femme ? Et pourquoi cet enfant ? Les gens des pays n' aiment pas qu' il y ait des énigmes sur les étrangers. Ensuite, son vêtement, qui était d' un ouvrier, tandis qu' il avait, quoique pas riche, de quoi vivre sans rien faire. Ensuite, son jardin, qu' il réussissait à cultiver et d' où il tirait des pommes de terre malgré les coups d' équinoxe. Ensuite, de gros livres qu' il avait sur une planche, et où il lisait. D' autres raisons encore. D' où vient qu' il vivait solitaire ? Le bû de la rue était une sorte de lazaret ; on tenait Gilliatt en quarantaine ; c' est pourquoi il était tout simple qu' on s' étonnât de son isolement, et qu' on le rendît responsable de la solitude qu' on faisait autour de lui. Il n' allait jamais à la chapelle. Il sortait souvent la nuit. Il parlait aux sorciers. Une fois on l' avait vu assis dans l' herbe d' un air étonné. Il hantait le dolmen de l' ancresse et les pierres fées qui sont dans la campagne çà et là. On croyait être sûr de l' avoir vu saluer poliment la roque qui chante. Il achetait tous les oiseaux qu' on lui apportait et les mettait en liberté. Il était honnête aux personnes bourgeoises dans les rues de saint-Sampson, mais faisait volontiers un détour pour n' y point passer. Il pêchait souvent, et revenait toujours avec du poisson. Il travaillait à son jardin le dimanche. Il avait un bag-pipe, acheté par lui à des soldats écossais de passage à Guernesey, et dont il jouait dans les rochers au bord de la mer, à la nuit tombante. Il faisait des gestes comme un semeur. Que voulez-vous qu' un pays devienne avec un homme comme cela ? Quant aux livres, qui venaient de la femme morte, et où il lisait, ils étaient inquiétants. Le révérend Jaquemin Hérode, recteur de saint-Sampson, quand il était entré dans la maison pour l' enterrement de la femme, avait lu au dos de ces livres les titres que voici : dictionnaire de Rosier, candide, par Voltaire, avis au peuple sur sa santé, par Tissot. Un gentilhomme français, émigré, retiré à saint-Sampson, avait dit : ce doit être le Tissot qui a porté la tête de la princesse De Lamballe.
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le révérend avait remarqué sur un de ces livres ce titre véritablement bourru et menaçant : de rhubarbaro. disons-le pourtant, l' ouvrage étant, comme le titre l' indique, écrit en latin, il était douteux que Gilliatt, qui ne savait pas le latin, lût ce livre. Mais ce sont précisément les livres qu' un homme ne lit pas qui l' accusent le plus. L' inquisition d' Espagne a jugé ce point et l' a mis hors de doute. Du reste ce n' était autre chose que le traité du docteur Tilingius sur la rhubarbe , publié en Allemagne en 1679. On n' était pas sûr que Gilliatt ne fît pas des charmes, des philtres et des " bouilleries " . Il avait des fioles. Pourquoi allait-il se promener le soir, et quelquefois jusqu' à minuit, dans les falaises ? évidemment pour causer avec les mauvaises gens qui sont la nuit au bord de la mer dans de la fumée. Une fois il avait aidé la sorcière de Torteval à désembourber son chariot. Une vieille, nommée Moutonne Gahy. à un recensement qui s' était fait dans l' île, interrogé sur sa profession, il avait répondu : - pêcheur, quand il y a du poisson à prendre. -mettez-vous à la place des gens, on n' aime pas ces réponses-là. La pauvreté et la richesse sont de comparaison. Gilliatt avait des champs et une maison, et, comparé à ceux qui n' ont rien du tout, il n' était pas pauvre. Un jour, pour l' éprouver, et peut-être aussi pour lui faire une avance, car il y a des femmes qui épouseraient le diable riche, une fille dit à Gilliatt : quand donc prendrez-vous femme ? Il répondit : je prendrai femme quand la roque qui chante prendra homme. cette roque qui chante est une grande pierre plantée droite dans un courtil proche M Lemézurier De Fry. Cette pierre est fort à surveiller. On ne sait ce qu' elle fait là. On y entend chanter un coq qu' on ne voit pas ; chose extrêmement désagréable. Ensuite il est avéré qu' elle a été mise dans ce courtil par les sarregousets, qui sont la même chose que les sins. La nuit, quand il tonne, si l' on voit des hommes voler dans le rouge des nuées et dans le tremblement de l' air, ce sont les sarregousets. Une femme, qui demeure au grand-mielles, les connaît. Un soir qu' il y avait des sarregousets dans un carrefour, cette femme cria à un charretier qui ne savait quelle route prendre : demandez-leur votre chemin ; c' est des gens bien faisants, c' est des gens bien civils à deviser au monde. il y a gros à parier que cette femme est une sorcière. Le judicieux et savant roi Jacques Ier faisait bouillir toutes vives les | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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Feuille de personnage Situation BHA: Empereur Black Hole Points: Moins que Kyle et ça m'énerve Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:01 | |
| Mdr! Je pense que ce qu'il a, c'est un scanner qui convertit automatiquement ce qu'il scanne en fichiers Word. Donc après il a plus qu'à faire un copier-coller^^ En tous cas, maintenant nous voilà bien instruits^^ mdrrrrrrr | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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Feuille de personnage Situation BHA: Membre de la Black Hole Army Points: 201.859 Type de jeu: mineur
| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:06 | |
| Non mais t'es malade, je vais pas me foulé pour ce topic !! et encore moin utilisé mon scanner !!
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femmes de cette espèce, goûtait le bouillon, et, au goût du bouillon, disait : c' était une sorcière, ou ce n' en était pas une. il est à regretter que les rois d' aujourd' hui n' aient plus de ces talents-là, qui faisaient comprendre l' utilité de l' institution. Gilliatt, non sans de sérieux motifs, vivait en odeur de sorcellerie. Dans un orage, à minuit, Gilliatt étant en mer seul dans une barque du côté de la sommeilleuse, on l' entendit demander : -y a-t-il du rang pour passer ? Une voix cria du haut des roches : -voire ! Hardi ! à qui parlait-il, si ce n' est à quelqu' un qui lui répondait ? Ceci nous semble une preuve. Dans une autre soirée d' orage, si noire qu' on ne voyait rien, tout près de la catiau-roque, qui est une double rangée de roches où les sorciers, les chèvres et les faces vont danser le vendredi, on crut être certain de reconnaître la voix de Gilliatt mêlée à l' épouvantable conversation que voici : -comment se porte Vésin Brovard ? (c' était un maçon qui était tombé d' un toit.) -il guarit.
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-ver dia ! Il a chu de plus haut que ce grand pau. C' est ravissant qu' il ne se soit rien rompu. -les gens eurent beau temps au varech la semaine passée. -plus qu' ogny. -voire ! Il n' y aura pas hardi de poisson au marché. -il vente trop dur. -ils ne sauraient mettre leurs rets bas. -comment va la Catherine ? -elle est de charme. " la Catherine " était évidemment une sarregousette. Gilliatt, selon toute apparence, faisait oeuvre de nuit. Du moins, personne n' en doutait.
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On le voyait quelquefois, avec une cruche qu' il avait, verser de l' eau à terre. Or l' eau qu' on jette à terre trace la forme des diables. Il existe sur la route de saint-Sampson, vis-à-vis le martello numéro 1, trois pierres arrangées en escalier. Elles ont porté sur leur plate-forme, vide aujourd' hui, une croix ; à moins qu' elles n' aient porté un gibet. Ces pierres sont très malignes. Des gens fort prud' hommes et des personnes absolument croyables affirmaient avoir vu, près de ces pierres, Gilliatt causer avec un crapaud. Or il n' y a pas de crapauds à Guernesey ; Guernesey a toutes les couleuvres, et Jersey a tous les crapauds. Ce crapaud avait dû venir de Jersey à la nage pour parler à Gilliatt. La conversation était amicale. Ces faits demeurèrent constatés ; et la preuve, c' est que les trois pierres sont encore là. Les gens qui douteraient peuvent les aller voir ; et même, à peu de distance, il y a une maison au coin de laquelle on lit cette enseigne : marchand en bétail mort et vivant, vieux cordages, fer, os et chiques ; est prompt dans son paiement et dans son attention. il faudrait être de mauvaise foi pour contester la présence de ces pierres et l' existence de cette maison. Tout cela nuisait à Gilliatt. Les ignorants seuls ignorent que le plus grand danger des mers de la Manche, c' est le roi des auxcriniers. Pas de personnage marin plus redoutable. Qui l' a vu fait naufrage entre une saint-Michel et l' autre. Il est petit, étant nain, et il est sourd, étant roi. Il sait les noms de tous ceux qui sont morts dans la mer et l' endroit où ils sont. Il connaît à fond le cimetière océan. Une tête massive en bas et étroite en haut, un corps trapu, un ventre visqueux et difforme, des nodosités sur le crâne, de courtes jambes, de longs bras, pour pieds des nageoires, pour mains des griffes, un large visage vert, tel est ce roi. Ses griffes sont palmées et ses nageoires sont onglées. Qu' on imagine un poisson qui est un spectre, et qui a une figure d' homme. Pour en finir avec lui, il faudrait l' exorciser, ou le pêcher. En attendant, il est sinistre. Rien n' est moins rassurant que de l' apercevoir. On entrevoit, au-dessus des lames et des houles, derrière les épaisseurs de la brume, un linéament qui est un être ; un front bas, un nez camard, des oreilles plates, une bouche démesurée où il manque des dents, un rictus glauque, des sourcils en chevrons, et de gros yeux gais. Il est rouge quand l' éclair est livide, et blafard quand l' éclair est pourpre. Il a une barbe ruisselante et rigide qui s' étale, coupée carrément, sur une membrane en forme de pèlerine, laquelle est ornée de quatorze coquilles, sept par devant et sept par derrière. Ces coquilles sont extraordinaires pour ceux qui se connaissent en coquilles. Le roi des auxcriniers n' est visible que dans la mer violente. Il est le baladin lugubre de la tempête. On voit sa forme
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s' ébaucher dans le brouillard, dans la rafale, dans la pluie. Son nombril est hideux. Une carapace de squames lui cache les côtes, comme ferait un gilet. Il se dresse debout au haut de ces vagues roulées qui jaillissent sous la pression des souffles et se tordent comme les copeaux sortant du rabot du menuisier. Il se tient tout entier hors de l' écume, et, s' il y a à l' horizon des navires en détresse, blême dans l' ombre, la face éclairée de la lueur d' un vague sourire, l' air fou et terrible, il danse. C' est là une vilaine rencontre. à l' époque où Gilliatt était une des préoccupations de saint-Sampson, les dernières personnes qui avaient vu le roi des auxcriniers déclaraient qu' il n' avait plus à sa pèlerine que treize coquilles. Treize ; il n' en était que plus dangereux. Mais qu' était devenue la quatorzième ? L' avait-il donnée à quelqu' un ? Et à qui l' avait-il donnée ? Nul ne pouvait le dire, et l' on se bornait à conjecturer. Ce qui est certain, c' est que M Lupin-Mabier, du lieu les godaines, homme ayant de la surface, propriétaire taxé à quatrevingts quartiers, était prêt à jurer sous serment qu' il avait vu une fois dans les mains de Gilliatt une coquille très singulière. Il n' était point rare d' entendre de ces dialogues entre deux paysans : -n' est-ce pas, mon voisin, que j' ai là un beau boeuf ? -bouffi, mon voisin. -tiens, c' est vrai tout de même. -il est meilleur en suif qu' il n' est en viande. -ver dia ! -êtes-vous certain que Gilliatt ne l' a point regardé ? Gilliatt s' arrêtait au bord des champs près des laboureurs et au bord des jardins près des jardiniers, et il lui arrivait de leur dire des paroles mystérieuses : -quand le mors du diable fleurit, moissonnez le seigle d' hiver. (parenthèse : le mors du diable, c' est la scabieuse.) -le frêne se feuille, il ne gèlera plus. -solstice d' été, chardon en fleur. -s' il ne pleut pas en juin, les blés prendront le blanc. Craignez la nielle. -le merisier fait ses grappes, méfiez-vous de la pleine lune. -si le temps, le sixième jour de la lune, se comporte comme le quatrième ou comme le cinquième jour, il se comportera de même, neuf fois sur douze dans le premier cas, et onze fois sur douze dans le second, pendant toute la lune. -ayez l' oeil sur les voisins en procès avec vous. Prenez garde aux malices. Un cochon à qui on fait boire du lait chaud, crève. Une vache à qui on frotte les dents avec du sureau, ne mange plus.
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-l' éperlan fraye, gare les fièvres. -la grenouille se montre, semez les melons. -l' hépatique fleurit, semez l' orge. -le tilleul fleurit, fauchez les prés. -l' ypréau fleurit, ouvrez les bâches. -le tabac fleurit, fermez les serres. Et, chose terrible, si l' on suivait ses conseils, on s' en trouvait bien. Une nuit de juin qu' il joua du bag-pipe dans la dune, du côté de la demie de Fontenelle, la pêche aux maquereaux manqua. Un soir, à la marée basse, sur la grève en face de sa maison du bû de la rue, une charrette chargée de varech versa. Il eut probablement peur d' être traduit en justice, car il se donna beaucoup de peine pour aider à relever la charrette, et il la rechargea lui-même. Une petite fille du voisinage ayant des poux, il était allé à Saint-Pierre-Port, était revenu avec un onguent, et en avait frotté l' enfant ; et Gilliatt lui avait ôté ses poux, ce qui prouve que Gilliatt les lui avait donnés. Tout le monde sait qu' il y a un charme pour donner des poux aux personnes. Gilliatt passait pour regarder les puits, ce qui est dangereux quand le regard est mauvais ; et le fait est qu' un jour, aux arculons, près Saint-Pierre-Port, l' eau d' un puits devint malsaine. La bonne femme à qui était le puits dit à Gilliatt : voyez donc cette eau. Et elle lui en montra un plein verre. Gilliatt avoua. L' eau est épaisse, dit-il ; c' est vrai. La bonne femme, qui se méfiait, lui dit : guérissez-moi-la donc. Gilliatt lui fit des questions : -si elle avait une étable ? -si l' étable avait un égout ? -si le ruisseau de l' égout ne passait pas tout près du puits ? -la bonne femme répondit oui. Gilliatt entra dans l' étable, travailla à l' égout, détourna le ruisseau, et l' eau du puits redevint bonne. On pensa dans le pays ce qu' on voulut. Un puits n' est pas mauvais, et ensuite bon, sans motif ; on ne trouva point la maladie de ce puits naturelle, et il est difficile de ne pas croire en effet que Gilliatt avait jeté un sort à cette eau. Une fois qu' il était allé à Jersey, on remarqua qu' il s' était logé à saint-Clément, rue des alleurs. Les alleurs, ce sont les revenants. Dans les villages, on recueille des indices sur un homme ; on rapproche ces indices ; le total fait une réputation. Il arriva que Gilliatt fut surpris saignant du nez. Ceci parut grave. Un patron de barque, fort voyageur, qui avait presque fait le tour du monde, affirma que chez les tungouses tous les sorciers saignent du nez. Quand on voit un homme saigner du nez, on sait à quoi s' en tenir. Toutefois les gens raisonnables firent remarquer que ce qui caractérise les sorciers en Tungousie peut ne point les caractériser au même degré à Guernesey. | |
| | | Sturm Empereur à la retraite
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:09 | |
| Alors dis-moi comment tu fais pour pondre des trucs aussi inutiles? Tu vas les pêcher sur google? | |
| | | Rockin-Storm Membre Black Hole
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| Sujet: Re: le topic des messages inutiles Sam 9 Juin - 13:10 | |
| http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k886397
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Aux environs d' une saint-Michel, on le vit s' arrêter dans un pré des courtils des Huriaux, bordant la grande route des Videclins. Il siffla dans le pré, et un moment après il y vint un corbeau, et un moment après il y vint une pie. Le fait fut attesté par un homme notable, qui a depuis été douzenier dans la douzaine autorisée à faire un nouveau livre de perchage du fief le roi. Au hamel, dans la vingtaine de l' épine, il y avait des vieilles femmes qui disaient être sûres d' avoir entendu un matin, à la piperette du jour, des hirondelles appeler Gilliatt. Ajoutez qu' il n' était pas bon. Un jour, un pauvre homme battait un âne. L' âne n' avançait pas. Le pauvre homme lui donna quelques coups de sabot dans le ventre, et l' âne tomba. Gilliatt accourut pour relever l' âne, l' âne était mort. Gilliatt souffleta le pauvre homme. Un autre jour, voyant un garçon descendre d' un arbre avec une couvée de petits épluque-pommiers nouveau-nés, presque sans plumes et tout nus, Gilliatt prit cette couvée à ce garçon, et poussa la méchanceté jusqu' à la reporter dans l' arbre. Des passants lui en firent des reproches, il se borna à montrer le père et la mère épluque-pommiers qui criaient au-dessus de l' arbre et qui revenaient à leur couvée. Il avait un faible pour les oiseaux. C' est un signe auquel on reconnaît généralement les magiciens. Les enfants ont pour joie de dénicher les nids de goëlands et de mauves dans les falaises. Ils en rapportent des quantités d' oeufs bleus, jaunes et verts avec lesquels on fait des rosaces sur les devantures des cheminées. Comme les falaises sont à pic, quelquefois le pied leur glisse, ils tombent, et se tuent. Rien n' est joli comme les paravents décorés d' oeufs d' oiseaux de mer. Gilliatt ne savait qu' inventer pour faire le mal. Il grimpait, au péril de sa propre vie, dans les escarpements des roches marines, et y accrochait des bottes de foin avec de vieux chapeaux et toutes sortes d' épouvantails, afin d' empêcher les oiseaux d' y nicher, et, par conséquent, les enfants d' y aller. C' est pourquoi Gilliatt était à peu près haï dans le pays. On le serait à moins.
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5 autres côtés louches de Gilliatt. L' opinion n' était pas bien fixée sur le compte de Gilliatt. Généralement on le croyait marcou, quelques-uns allaient jusqu' à le croire cambion. Le cambion est le fils qu' une femme a du diable. Quand une femme a d' un homme sept enfants mâles consécutifs, le septième est marcou. Mais il ne faut pas qu' une fille gâte la série des garçons. Le marcou a une fleur de lys naturelle empreinte sur une partie quelconque du corps, ce qui fait qu' il guérit les écrouelles aussi bien que les rois de France. Il y a des marcous en France un peu partout, particulièrement dans l' Orléanais. Chaque village du Gâtinais a son marcou. Il suffit, pour guérir les malades, que le marcou souffle sur leurs plaies ou leur fasse toucher sa fleur de lys. La chose réussit surtout dans la nuit du vendredi saint. Il y a une dizaine d' années, le marcou d' ormes en Gâtinais, surnommé le beau marcou et consulté de toute la Beauce, était un tonnelier appelé Foulon, qui avait cheval et voiture. On dut, pour empêcher ses miracles, faire jouer la gendarmerie. Il avait la fleur de lys sous le sein gauche. D' autres marcous l' ont ailleurs. Il y a des marcous à Jersey, à Aurigny et à Guernesey. Cela tient sans doute aux droits que la France a sur le duché de Normandie. Autrement, à quoi bon la fleur de lys ? Il y a aussi dans les îles de la Manche des scrofuleux ; ce qui rend les marcous nécessaires. Quelques personnes s' étant trouvées présentes un jour que Gilliatt se baignait dans la mer avaient cru lui voir la fleur de lys. Questionné là-dessus, il s' était, pour toute réponse, mis à rire. Car il riait comme les autres hommes, quelquefois. Depuis ce temps-là, on ne le voyait plus se baigner ; il ne se baignait que dans des lieux périlleux et solitaires. Probablement la nuit, au clair de lune ; chose, on en conviendra, suspecte. Ceux qui s' obstinaient à le croire cambion, c' est-à-dire fils du diable, se trompaient évidemment. Ils auraient dû savoir qu' il n' y a guère de cambions qu' en Allemagne. Mais le valle et saint-Sampson étaient, il y a cinquante ans, des pays d' ignorance. Croire, à Guernesey, quelqu' un fils du diable, il y a visiblement là de l' exagération.
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Gilliatt, par cela même qu' il inquiétait, était consulté. Les paysans venaient, avec peur, lui parler de leurs maladies. Cette peur-là contient de la confiance ; et, dans la campagne, plus le médecin est suspect, plus le remède est sûr. Gilliatt avait des médicaments à lui, qu' il tenait de la vieille femme morte ; il en faisait part à qui les lui demandait, et ne voulait pas recevoir d' argent. Il guérissait les panaris avec des applications d' herbes ; la liqueur d' une de ses fioles coupait la fièvre ; le chimiste de saint-Sampson, que nous appellerions pharmacien en France, pensait que c' était probablement une décoction de quinquina. Les moins bienveillants convenaient volontiers que Gilliatt était assez bon diable pour les malades quand il s' agissait de ses remèdes ordinaires ; mais, comme marcou, il ne voulait rien entendre ; si un scrofuleux lui demandait à toucher sa fleur de lys, pour toute réponse il lui fermait sa porte au nez ; faire des miracles était une chose à laquelle il se refusait obstinément, ce qui est ridicule à un sorcier. Ne soyez pas sorcier ; mais, si vous l' êtes, faites votre métier. Il y avait une ou deux exceptions à l' antipathie universelle. Sieur Landoys, du clos-landès, était clerc greffier de la paroisse de Saint-Pierre-Port, chargé des écritures et gardien du registre des naissances, mariages et décès. Ce greffier Landoys tirait vanité de descendre du trésorier de Bretagne Pierre Landais, pendu en 1485. Un jour Sieur Landoys poussa son bain trop avant dans la mer, et faillit se noyer. Gilliatt se jeta à l' eau, faillit se noyer lui aussi, et sauva Landoys. à partir de ce jour, Landoys ne dit plus de mal de Gilliatt. à ceux qui s' en étonnaient, il répondait : pourquoi voulez-vous que je déteste un homme qui ne m' a rien fait, et qui m' a rendu service ? le clerc greffier en vint même à prendre Gilliatt en une certaine amitié. Ce clerc greffier était un homme sans préjugés. Il ne croyait pas aux sorciers. Il riait de ceux qui ont peur des revenants. Quant à lui, il avait un bateau, il pêchait dans ses heures de loisir pour s' amuser, et il n' avait jamais rien vu d' extraordinaire, si ce n' est une fois au clair de lune une femme blanche qui sautait sur l' eau, et encore il n' en était pas bien sûr. Moutonne Gahy, la sorcière de Torteval, lui avait donné un petit sac qu' on s' attache sous la cravate et qui protège contre les esprits ; il se moquait de ce sac, et ne savait ce qu' il contenait ; pourtant il le portait, se sentant plus en sûreté quand il avait cette chose au cou. Quelques personnes hardies se risquaient, à la suite de Sieur Landoys, à constater en Gilliatt certaines circonstances atténuantes, quelques apparences de qualités, sa sobriété, son abstinence de gin et de tabac, et l' on en venait parfois jusqu' à faire de lui ce bel éloge : il ne boit, ne fume, ne chique, ni ne snuffe. mais être sobre, ce n' est une qualité que lorsqu' on en a d' autres.
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L' aversion publique était sur Gilliatt. Quoi qu' il en fût, comme marcou, Gilliatt pouvait rendre des services. Un certain vendredi saint, à minuit, jour et heure usités pour ces sortes de cures, tous les scrofuleux de l' île, d' inspiration ou par rendez-vous pris entre eux, vinrent en foule au bû de la rue, à mains jointes, et avec des plaies pitoyables, demander à Gilliatt de les guérir. Il refusa. On reconnut là sa méchanceté.
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6 la panse. Tel était Gilliatt. Les filles le trouvaient laid. Il n' était pas laid. Il était beau peut-être. Il avait dans le profil quelque chose d' un barbare antique. Au repos, il ressemblait à un dace de la colonne trajane. Son oreille était petite, délicate, sans lambeau, et d' une admirable forme acoustique. Il avait entre les deux yeux cette fière ride verticale de l' homme hardi et persévérant. Les deux coins de sa bouche tombaient, ce qui est amer ; son front était d' une courbe noble et sereine ; sa prunelle franche regardait bien, quoique troublée par ce clignement que donne aux pêcheurs la réverbération des vagues. Son rire était puéril et charmant. Pas de plus pur ivoire que ses dents. Mais le hâle l' avait fait presque nègre. On ne se mêle pas impunément à l' océan, à la tempête et à la nuit ; à trente ans, il en paraissait quarante-cinq. Il avait le sombre masque du vent et de la mer. On l' avait surnommé Gilliatt le malin. Une fable de l' Inde dit : un jour Brahmâ demanda à la force : qui est plus fort que toi ? Elle répondit : l' adresse. Un proverbe chinois dit : que ne pourrait le lion, s' il était singe ! Gilliatt n' était ni lion, ni singe ; mais les choses qu' il faisait venaient à l' appui du proverbe chinois et de la fable indoue. De taille ordinaire et de force ordinaire, il trouvait moyen, tant sa dextérité était inventive et puissante, de soulever des fardeaux de géant et d' accomplir des prodiges d' athlète. Il y avait en lui du gymnaste ; il se servait indifféremment de sa main droite et de sa main gauche. Il ne chassait pas, mais il pêchait. Il épargnait les oiseaux, non les poissons. Malheur aux muets ! Il était nageur excellent. La solitude fait des gens à talents ou des idiots. Gilliatt s' offrait sous ces deux aspects. Par moments on lui voyait " l' air étonné " dont nous avons parlé, et on l' eût pris pour une brute. Dans d' autres instants, il avait on ne sait quel regard profond. L' antique Chaldée a eu de ces hommes-là ; à de certaines heures, l' opacité du pâtre devenait transparente et laissait voir le mage. | |
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